Élection L'opposition remporte les élections législatives à Taïwan Dès l'annonce de sa victoire, l'opposition a proposé de relancer le dialogue avec Pékin. L'opposition taïwanaise a remporté une majorité absolue aux élections législatives de samedi 11 décembre face aux indépendantistes du camp présidentiel. Selon un responsable de la commission électorale officielle (CEC), Tsai Ying-che, les partis les plus conciliants à l'égard de Pékin ont obtenu 114 sièges sur un total de 225, contre 101 aux partisans du président Chen Shui-bian. Selon ce responsable électoral, les dix autres élus sont des candidats indépendants, dont deux aparentés au Kuomintang (KMT), principale formation d'opposition. Dans le Parlement sortant, élu en décembre 2001, les partis favorables au président disposaient de 100 députés sur 225, contre 115 à l'opposition et dix indépendants. "Nous avons remporté un total de 116 sièges et conservons la majorité" avec un député de plus que dans le Parlement sortant, s'est félicité le secrétaire général du KMT, M. Lin Feng-cheng, incluant les deux indépendants dans ses rangs. Le chef du Kuomintang, Lien Chan, a estimé que le résultat favoriserait la stabilité et le développement de Taïwan dans le cadre d'une reprise du dialogue avec Pékin. "Le moment que nous attendions est arrivé. Ce n'est pas seulement une victoire pour le KMT, pour les "bleus" (la couleur de l'opposition), mais pour tous ceux qui dans le pays priaient pour la stabilité, la prospérité et le développement. (...) Les relations de part et d'autre du détroit sont le facteur crucial du développement de Taïwan. Les deux côtés doivent chercher la paix, pas la guerre", a-t-il lancé devant une foule en liesse au siège du KMT. "Nous devons nous garder d'actes de provocation qui feraient monter la tension dans le détroit" de Formose, a ajouté M. Lien, en invitant Taipei et Pékin à mettre leurs divergences politiques entre parenthèses pour développer les relations économiques. LES RÉSULTATS DE LA PRÉSIDENTIELLE ENCORE CONTESTÉS La coalition indépendantiste dirigée par le Parti démocrate progressiste (DPP) du président Chen Shui-bian espérait ravir le contrôle du Parlement à l'alliance dirigée par le KMT, mal remise de sa défaite à l'élection présidentielle de mars 2004. M. Lien, battu de justesse à la présidentielle, continue de constester la victoire de M. Chen devant les tribunaux et espérait une revanche aux législatives. La victoire de l'opposition évite un désastre pour le KMT qui avait perdu sa position de premier parti de l'île en 2001, après un règne incontesté de plus d'un demi siècle. Un an plus tard, il abandonnait aussi la présidence avant de subir une seconde défaite en mars. Le président Chen avait appelé les électeurs "à écrire l'histoire avec leurs bulletins" en votant dans une école de Taipei. Le dirigeant, qui n'a remporté un second mandat qu'avec 0,2 % des voix d'avance, avait souhaité obtenir une majorité au Parlement pour y faire voter son projet phare de nouvelle constitution. Il prévoyait de soumettre le texte à référendum en 2006, une initiative considérée par Pékin comme un dangereux pas vers l'indépendance formelle de l'île dont le régime communiste réclame le rattachement au continent. "Je veux présenter mes excuses aux partisans et aux candidats qui n'ont pas été élus, je veux aussi assumer l'entière responsabilité" de la défaite du camp présidentiel, a déclaré à la presse le président Chen juste après l'annonce des résultats officiels. "Nous acceptons le résultat sans réserve". Parmi les autres enjeux figurait le vote par les députés d'un achat d'armes aux Etats-Unis d'un montant de 18 milliards de dollars pour faire face au renforcement constant de l'arsenal chinois. M. Chen se défend de vouloir rendre officielle la séparation de facto de Taïwan et du continent qui dure depuis 1949, une décision à laquelle Pékin a menacé de répondre par la guerre. Mais la campagne électorale a été l'occasion d'une nouvelle surenchère nationaliste entre le (DPP) et son allié farouchement indépendantiste de la TSU, surfant sur ce qu'on a appelé la "nouvelle identité taiwanaise", une affirmation de la démocratie et de la réussite économique de l'île.