Élection L'opposition de gauche remporte les élections législatives en NorvègeL'opposition de centre-gauche emmenée par l'ancien premier ministre Jens Stoltenberg a battu, lundi 12 septembre, le gouvernement de centre-droite lors des élections législatives, selon des résultats presque définitifs. Avec environ 48 % des voix, le Parti travailliste et ses deux alliés, la Gauche socialiste et le Parti du centre, ont remporté 88 sièges sur 169 au Parlement, selon les projections quasi définitives du gouvernement."Nous avions promis une majorité claire au pays, et c'est ce que nous allons lui donner", a affirmé M. Stoltenberg, qui a fait campagne en s'engageant à relancer l'Etat-providence dans le riche royaume scandinave, troisième exportateur mondial de pétrole. "On va fêter un peu cela", a-t-il ajouté.Sauf coup de théâtre, sa coalition "rouge et verte" semble assurée de pouvoir former un gouvernement disposant d'une majorité parlementaire, le premier en Norvège depuis une vingtaine d'années. A 46 ans, M. Stoltenberg, un économiste, va donc retrouver, à la tête d'une coalition de gauche inédite, le poste de premier ministre qu'il avait brièvement occupé entre 2000 et 2001.Le gouvernement sortant et son allié informel, le Parti du progrès (FrP, droite populiste), ont, eux, obtenu 81 sièges, toujours selon les projections officielles. A l'exception des libéraux, les partis de centre-droite – conservateurs, démocrates-chrétiens, libéraux – enregistrent des résultats en net retrait par rapport au scrutin de 2001 tandis que le très populiste FrP s'impose, lui, comme la deuxième formation politique du pays, avec 37 sièges à lui seul.LA GAUCHE PROMET UNE REDISTRIBUTION DES RICHESSESAprès quatre ans de pouvoir, Kjell Magne Bondevik, un pasteur de 58 ans, devrait informer, mardi, le roi Harald de sa démission, qui ne sera effective qu'à la mi-octobre, une fois que le Parlement se sera réuni pour sa session d'automne et que le gouvernement aura déposé son projet de budget 2006.L'envolée des cours du pétrole ces derniers mois a rempli les coffres de la Norvège, troisième exportateur mondial de brut après l'Arabie saoudite et la Russie, et la campagne électorale a tourné autour de la façon d'utiliser ces milliards de dollars supplémentaires. A l'issue d'un scrutin extrêmement serré, la gauche a réussi à s'imposer en promettant une répartition plus équitable des richesses alors que, d'après des statistiques officielles, le nombre de pauvres – mesuré à l'aune norvégienne – a progressé de près 25 % entre 2001 et 2003 dans le royaume. Hostile aux réductions d'impôts accordées par la droite, la coalition de gauche a promis des dépenses accrues en matière d'éducation, de santé et de soins pour les personnes âgées, tout en s'engageant à être fiscalement disciplinée. M. Bondevik a, lui, échoué à effrayer les électeurs contre les "expérimentations" hasardeuses de la gauche alors que, soulignait-il, l'ONU consacre depuis cinq ans la Norvège comme l'endroit où l'on vit le mieux au monde. Formation dominante du futur gouvernement, le Parti travailliste devra compter sur les exigences parfois contradictoires de ses alliés. La Gauche socialiste (SV) notamment, un parti traditionnellement opposé à l'OTAN – dont la Norvège est membre – et à l'Union européenne (UE) – dont le pays n'est pas membre –, estime dans son programme que les Etats-Unis constituent "la principale menace pour la paix dans le monde", une affirmation que les travaillistes ne partagent pas. La Gauche socialiste s'oppose aussi à la construction de centrales thermiques au gaz, jugées polluantes, et à la prospection pétrolière dans les eaux écologiquement fragiles de la mer de Barents, dans l'extrême Nord, deux positions avec lesquelles les travaillistes divergent également.
