Annonce Londres prêt à extrader le terroriste Rachid Ramda Le «financier» des attentats parisiens de 1995 est écroué outre-Manche depuis dix ans. Dix ans de bataille judiciaire entre la France et la Grande-Bretagne autour du cas de Rachid Ramda sont en passe de s'achever par sa probable extradition vers Paris. Rédacteur d'Al-Ansar, le bulletin clandestin du GIA algérien publié alors à Londres, Ramda, 35 ans aujourd'hui, est «le» terroriste manquant des attentats de 1995. Il est mis en cause pour l'explosion du RER Saint-Michel en juillet et les attentats du métro Maison-Blanche et du RER Musée-d'Orsay en octobre. Sur le même sujet Une bible pour contrer le «jihadisme» Présenté d'abord comme le cerveau de la vague d'attentats qui terrorisa la France jusqu'en novembre 1995, il serait à tout le moins le «financier» de l'opération. Placé sous écrou extraditionnel le 10 novembre 1995, Ramda est détenu depuis dans la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh. Il y aura eu, au total, neuf procédures et tentatives d'obtenir son extradition. Arguments. Hier, les juges Keene et Poole de la Haute Cour de justice de Londres ont estimé qu'il n'y avait plus d'obstacle à son extradition, qui avait été ordonnée de nouveau par le ministre de l'Intérieur, Charles Clarke, en avril. Les deux magistrats ont examiné le recours contre la décision du ministre de l'Intérieur le 15 octobre. Les arguments plaidés par ses avocats étaient en substance identiques à ceux déjà avancés en juin 2002, et qui avaient conduit au blocage de l'extradition. Pour les avocats de Rachid Ramda, il ne reste désormais plus qu'une infime possibilité de contrer cette procédure en recourant aux Law Lords, équivalent de la Cour de cassation en France. Il faudrait démontrer qu'une règle de droit général n'a pas été respectée. Mais ces recours sont filtrés : les Law Lords n'examinent que ceux qui comportent une base juridique solide. Et les chances de succès apparaissaient minces hier soir. Le blocage britannique a souvent fait l'objet de critiques. Examiné depuis Londres, ce retard doit aussi beaucoup au fonctionnement judiciaire français. Rachid Ramda est mis en cause sur la base de versements de fonds (un peu moins de 40 000 francs) adressés à Boualem Bensaïd, mais également du fait des aveux de ce dernier à l'occasion de sa garde à vue. Homme clé des attentats de 1995, Bensaïd a été condamné à perpétuité pour sa participation comme auteur ou complice des attentats de Saint-Michel, Maison Blanche, Musée d'Orsay, et de la tentative dans le TGV Paris-Lyon. Placé en garde à vue dans les locaux de la Division nationale antiterroriste (DNAT), Bensaïd en était ressorti passablement abîmé. Son avocate de l'époque avait signalé les faits au juge Jean-Louis Bruguière. En pure perte. Pressions. En 2002, les avocats de Ramda ont soutenu que leur client était mis en cause sur la base d'aveux extorqués par la force. Ces arguments, ajoutés à des contradictions dans le dossier tel qu'il était exposé par la France, avaient conduit la Haute Cour à refuser son feu vert. Le 15 octobre, l'avocat représentant la France s'est employé à assurer les juges que Rachid Ramda ne passerait pas «dans une prison de la police française»... Surtout, le vent a tourné à Londres depuis les attentats du 7 juillet, et l'ensemble des magistrats a subi une intense pression du gouvernement Blair. Les Law Lords devraient dire très rapidement, peut-être dès aujourd'hui, s'ils acceptent d'examiner le cas Ramda.