Autorisation Londres autorise le clonage thérapeutique d'embryons humains Après la Corée du Sud il y a un an, la Grande-Bretagne a pris une longueur d'avance, en matière de clonage thérapeutique et de recherche sur les cellules-souches, en autorisant le recours au clonage d'un embryon humain. "Après une étude approfondie des aspects scientifiques, médicaux, légaux et éthiques, nous avons estimé qu'il était approprié d'accorder une licence d'un an au Roslin Institute" d'Edimbourg, a expliqué Angela McNab, directrice générale de l'Autorité sur la fertilisation et l'embryologie humaine (HFEA), l'organisme public compétent en Grande-Bretagne en matière de bioéthique. Ian Wilmut est le deuxième chercheur à obtenir une telle autorisation après le professeur Miodrag Stojkovic, de l'Institut de génétique humaine de l'université de Newcastle (nord de l'Angleterre), en août 2004. Celle-ci était officiellement la première en Europe. "Notre but est seulement de générer des cellules-souches à des fins de recherche", a insisté le professeur Wilmut, qui travaille sur les maladies neurologiques, notamment la maladie de Charcot, une déficience neuronale qui touche environ 5 000 personnes au Royaume-Uni. "Il ne s'agit absolument pas de clonage reproductif, les œufs que nous allons utiliser ne pourront pas croître au-delà de quatorze jours", a-t-il précisé. Concrètement, l'équipe du professeur Wilmut compte cloner des œufs non utilisés dans le cadre de fécondations in vitro, après leur avoir ajouté une cellule porteuse de la maladie. Le but étant d'observer ensuite dans le détail le développement de la maladie sur les cellules-souches obtenues à partir de ces œufs, voire de tester de nouveaux médicaments sur ces cellules. De même, les chercheurs du Roslin Institute devraient utiliser ces cellules-souches pour tenter de produire les nerfs déficients chez les victimes de la maladie de Charcot. Ces nerfs présents au niveau des neurones qui permettent de transmettre les messages électriques depuis le cerveau et la moelle épinière vers les muscles. PAS DE CLONAGE REPRODUCTIF Niant avoir l'intention de "jouer à Dieu", le professeur Wilmut a nié avoir emprunté une pente dangereuse menant inéluctablement au clonage reproductif : "Je serais très surpris si quelque chose de ce genre arrivait en Grande-Bretagne", a-t-il assuré, affirmant qu'il soutiendrait toute décision des Nations unies interdisant cette dérive. La communauté internationale est très divisée sur le thème du clonage thérapeutique. Les Etats-Unis, rejoints par plus de cinquante autres pays, la plupart catholiques ou en voie de développement, ont signé un appel à une interdiction totale du clonage humain. Un projet de résolution rival rédigé par la Belgique et coparrainé par plus de vingt pays, dont la Russie, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Corée du Sud et le Japon, veut seulement interdire le clonage reproductif. La seule expérience de clonage d'un embryon humain avec l'objectif de produire des cellules-souches embryonnaires a officiellement été réalisée en Corée du Sud en février 2004. Les chercheurs de Newcastle ne sont pas encore passés à l'acte.