La candidature de Londres au JO de 2012 est portée par le double champion olympique Sebastian Coe
Annonce La candidature de la capitale du Royaume-Uni est portée par le double champion olympique (1980 et 1984) britannique du 1 500 mètres Sebastian Coe Londres. Les coureurs de demi-fond sont des durs au mal. Sebastian Coe, double champion olympique du 1 500 mètres (1980 et 1984), n'est donc pas homme à se décourager. Depuis qu'il a accepté de porter la candidature de Londres aux Jeux olympiques de 2012, le Britannique ne cesse pourtant de se heurter à des obstacles. Avant d'accueillir la commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO), du 16 au 19 février, il veut rester optimiste. "Les personnes dont je reconnais le jugement en la matière - il s'agit évidemment de membres du CIO, mais aussi de personnes qui ont suivi le dossier au jour le jour - pensent que nous avons considérablement réduit l'écart -avec les villes concurrentes- ces derniers mois", affirme-t-il.Les crises, depuis l'annonce de la candidature de Londres, se sont enchaînées les unes aux autres sur les bords de la Tamise.Il y eut d'abord la gaffe de la Reine exprimant des doutes sur les chances de Londres (Le Monde du 17 janvier) d'organiser les épreuves de 2012. Ensuite, Cherie Blair, l'épouse du premier ministre britannique Tony Blair, aurait violé récemment l'interdiction du CIO de railler les autres villes en lice en se moquant de la candidature de Paris, lors d'une conférence en Australie. "Que savent les Parisiens en matière de culture ?", aurait-elle déclaré, mettant les défenseurs du projet britannique dans l'embarras. S'ajoutent les résultats d'un sondage publié le 14 février, qui montrent que 60 % des hôteliers, tenanciers de pub et restaurateurs estiment ne pas disposer du personnel qualifié suffisant pour répondre aux besoins d'une clientèle internationale exigeante.Les médias britanniques, de surcroît, ne facilitent pas la tâche de la candidature de Londres. Ainsi, il y a quelques mois, la télévision publique, la BBC, a consacré une émission à la "corruption" qui sévirait au sein du CIO, ulcérant bon nombre de délégués.Ces dernières péripéties s'ajoutent à d'autres handicaps. Le forfait du Royaume-Uni pour l'organisation des championnats du monde 2004 d'athlétisme, faute d'un stade à la hauteur de l'enjeu, a fait mauvaise impression. Ce raté souligne une nouvelle fois le fiasco de plusieurs grands chantiers britanniques, à l'instar du Dôme du Millénaire ou de la rénovation des thermes de Bath.Dénonçant le plan de développement urbain de la Lower Lea Valley, la région de Stratford, dans l'Est de la capitale, qui est pressentie pour accueillir le parc olympique, les militants d'une organisation écologiste baptisée "Les usagers des marais de Hackney" ne cessent d'invectiver "London 2012". "Nous n'avons pas besoin de ces Jeux olympiques. Londres est déjà l'ombilic du monde. A l'inverse de Barcelone ou de Sydney, notre cité n'a rien à prouver", affirme Simon Jenkins, chroniqueur éminent du quotidien The Times, qui conteste lui aussi l'opportunité de tenir les Olympiades dans une mégapole qui connaît une croissance si rapide.Lord Coe, que l'on peut croiser dans le quartier des affaires de Londres, la City, portant la candidature de la capitale du Royaume-Uni, reste pourtant inébranlable. C'est la détermination du tueur sous des airs de gentleman. "La compétition sera très serrée. Mais nous avons un projet fantastique. Londres finira par l'emporter", déclare-t-il. A 48 ans, ce chairman à l'œil attentif ressemble toujours à l'athlète exceptionnel qu'il fut, l'expérience politique en plus. "Seb", comme il préfère être appelé, a mené au pas de course, mais avec moins de succès, une seconde carrière de politicien conservateur entre 1992 et 2001.A l'écouter, hôtels, stades, autoroute, liaison ferroviaire rapide : tout sera prêt pour le jour J. Avec entêtement, il a battu le rappel des politiques, peu enthousiastes au départ. Parmi les grands sponsors, ce meneur tranchant, parfois brutal, est parvenu à débaucher deux firmes associées de près à la France : EDF Energy (filiale britannique d'EDF, qui soutient également la candidature de Paris) et la Bourse Euronext, qui regroupe les places de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne. Euronext, il est vrai, souhaite actuellement reprendre la Bourse de Londres, le London Stock Exchange.D'après nos informations, lors du premier tour, Londres compte faire le plein des voix des pays du Commonwealth, sa famille d'outre-mer, et de la Scandinavie. Ensuite, en cas d'élimination de New York, les Etats-Unis et leurs alliés devraient reporter leurs voix sur la cité anglophone. Londres, dit-on, compte aussi sur l'ancien chef du CIO, le Catalan Juan Antonio Samaranch, qui reste influent.Et la candidature de Paris, que même les bookmakers anglais considèrent comme la grande favorite ? Lord Coe préfère évacuer la question par un sourire de courtoisie.Marc RocheLa commission d'évaluation du CIO à Londres du 16 au 19 févrierComposition : la commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO) est composée de 13 membres représentant toutes les composantes du mouvement olympique : CIO, fédérations internationales, comités nationaux, athlètes, Comité international paralympique, organisateurs d'anciennes éditions des Jeux olympiques (JO) et experts. Elle est présidée par l'ancienne championne olympique marocaine du 400 m haies, Nawal El Moutawakel.Mission : sa tâche est de vérifier les informations contenues dans les dossiers de candidature, de déterminer si les plans sont réalisables et de procéder à une évaluation globale des risques.Programme : les cinq villes ont déjà répondu aux 194 questions qui leur étaient posées par le CIO. Elles y ont joint les annexes comprenant, notamment, les garanties financières et juridiques de leurs autorités nationales.La commission d'évaluation s'est rendue à Madrid du 3 au 6 février. Elle séjournera à Londres du 16 au 19 février, puis à New York (21-24 février), à Paris (9-12 mars) et à Moscou (14-17 mars).Elle rendra un rapport un mois avant l'élection de la ville hôte, qui servira aux 120 membres du congrès du CIO pour se décider, le 6 juillet, à Singapour.