Accord L'Italie passe avec la Libye un accord sans précédent contre l'immigrationUn bateau de 12 mètres, avec 123 immigrés clandestins à bord, est arrivé, mardi 28 septembre, dans le port de l'île de Lampedusa, au sud de la Sicile. C'est pour éviter des scènes comme celle-ci, devenues quasi quotidiennes à Lampedusa depuis trois ans, que l'Italie vient de conclure avec la Libye un ambitieux plan d'aide à la lutte contre l'immigration clandestine. Cet accord bilatéral, dont les détails ont été mis au point, dimanche 26 septembre à Tripoli, lors d'une visite du ministre italien de l'intérieur, Giuseppe Pisanu, est rendu possible par la levée de l'embargo de l'Union européenne contre la Libye. La décision devrait être ratifiée le 11 octobre à Bruxelles lors du conseil réunissant les ministres des affaires étrangères.Contrairement aux précédents accords conclus entre les deux pays, en particulier en juillet 2003, le projet actuel ne devrait pas se heurter à des problèmes de moyens matériels. La levée des sanctions, en faveur de laquelle l'Italie a beaucoup milité, permettra de fournir à la Libye les moyens de transports et de surveillance nécessaires au contrôle des flux de clandestins, non seulement le long de ses 1 500 kilomètres de côtes, mais aussi à l'intérieur du désert. Pour épauler ses vieux hélicoptères MI-14, Super-Frelon et Alouette-3, le colonel Kadhafi pourra en acquérir de nouveaux, mais aussi des avions de reconnaissance, des vedettes rapides et des véhicules tout-terrain, que l'Italie est prête à lui livrer.Les patrouilles mixtes que les Italiens réclament depuis des années, sur le modèle de celles qui fonctionnent depuis 1997 avec l'Albanie, pourraient être mises en place après la fin du ramadan, le 10 novembre. 150 policiers italiens seraient prêts à partir en Libye pour participer à des sessions d'entraînement en commun.La rencontre entre M. Pisanu et son homologue libyen, Nasser Al-Mabrouk, n'a servi qu'à "ajuster des programmes de coopération déjà définis". Un premier voyage de Silvio Berlusconi à Tripoli, fin août, avait permis d'entériner le principe de ces patrouilles communes, ainsi que celui de la création de camps de réfugiés sur le sol libyen. Ce dernier projet, controversé à l'échelon européen, intéresse la Libye, qui y voit un moyen de contrôle sur son territoire. "Les camps vont voir le jour, il n'y a jamais eu de problèmes au sujet de cette proposition, seulement des polémiques dans la presse", a récemment assuré M. Pisanu dans un entretien au quotidien romain Il Messaggero.Le principe de ces camps n'a pu être inséré, cet été, dans la nouvelle mouture de la loi italienne, dite Bossi-Fini, sur l'immigration clandestine. Le ministre de l'intérieur ne désespère pas d'y parvenir par le biais d'un amendement au texte en discussion au Parlement. Déjà, selon les indiscrétions de la presse italienne, l'armée tiendrait prêts 6 000 modules, comprenant tentes, conteneurs, toilettes, etc.Après le conseil des ministres européens de La Haye, Franco Frattini, le chef de la diplomatie italienne a organisé, le 2 octobre à Rome, une réunion avec ses collègues français, espagnol et portugais pour préciser ses projets.
