Annonce L'Italie maintient ses soldats en Irak malgré la supplique de son otage Une grande manifestation nationale pour la libération de Giuliana Sgrena est prévue à Rome le samedi 19 février. Les sénateurs italiens ont voté, mercredi 16 février, à une large majorité, la prolongation de la mission du contingent italien en Irak, malgré l'appel à son retrait lancé par Giuliana Sgrena, collaboratrice du journal de gauche Il Manifesto, retenue en otage depuis le 4 février. "Ma vie dépend de vous, faites pression sur le gouvernement, aidez-moi", a supplié, en larmes, Giuliana Sgrena dans une vidéo diffusée par toutes les chaînes de télévision italiennes. "Retirez-vous d'Irak, plus personne ne doit venir en Irak parce que tous les étrangers, tous les Italiens sont considérés comme des ennemis. S'il vous plaît, faites quelque-chose pour moi, a-t-elle demandé. J'implore (...) le peuple italien de faire pression sur le gouvernement pour un retrait." Son appel est resté lettre morte. 141 des 254 sénateurs présents mercredi ont voté pour la prolongation de la mission des 3 000 militaires italiens jusqu'au 30 juin, comme le leur avait demandé la veille le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi. 112 ont voté contre et 1 s'est abstenu. Les formations de l'opposition de gauche avaient appelé leurs sénateurs à voter contre, mais les partis de la coalition gouvernementale sont largement majoritaires au Sénat comme à la Chambre des députés. "J'AI PEUR QUE CELA SE TERMINE MAL" Le gouvernement de centre droit de Silvio Berlusconi, un des alliés les plus fidèles du président américain, George W. Bush, a déployé quelque 3 000 soldats en Irak. "La mission en Irak continue", avait affirmé, mardi soir, M. Berlusconi, lors du débat au Sénat. "Abandonner maintenant l'Irak serait une trahison des espoirs de démocratie des Irakiens", avait-il expliqué. "Je suis content qu'elle [Giuliana Sgrena] soit en vie", a commenté M. Berlusconi après le vote des sénateurs. "Pour le reste, je souhaite ne pas me prononcer", a-t-il ajouté. Franco Sgrena, le père de Giuliana, s'est dit très inquiet pour sa fille. "J'ai peur que cela se termine mal", a-t-il confié. Sur la vidéo, Giuliana Sgrena apparaît les traits tirés et terrorisée. Elle est vêtue d'une blouse verte et sur un mur blanc, dans son dos, apparaît en lettres rouges l'inscription "Moudjahidin sans frontières", une organisation inconnue. La vidéo d'une durée d'environ quatre minutes se déroule en deux temps. Giuliana Sgrena s'exprime d'abord en italien, puis en français. Le montage est maladroit et à un moment, la journaliste se tourne interrogative vers un interlocuteur resté hors champ. Son compagnon Pierre Scolari, à qui Giuliana Sgrena s'adresse longuement dans ce message et demande en larmes de l'aider, s'est dit convaincu de pouvoir la sauver. Ce film est "un message de ceux qui la détiennent et qui signifie Giuliana va bien, ouvrons les négociations", a-t-il affirmé. Une grande manifestation nationale pour la libération de Giuliana Sgrena est prévue à Rome le samedi 19 février. Les manifestants réclameront également celle de Florence Aubenas, la journaliste du quotidien Libération, disparue en Irak depuis le 5 janvier. Huit Italiens - cinq hommes et trois femmes - ont été enlevés en Irak. Cinq ont été relâchés, dont les deux jeunes humanitaires Simona Pari et Simona Toretta, et deux - Fabrizio Quattrochi et le journaliste Enzo Baldoni - ont été exécutés par leurs ravisseurs.