Annonce L'Iran s'apprêterait à convertir la semaine prochaine un nouveau lot d'uranium dans son centre de recherche nucléaire d'Ispahan, ont indiqué des sources diplomatiques, mercredi 2 novembre. Et ce, en dépit des pressions des Etats-Unis et de l'Union européenne. Accusé par l'Occident de développer un programme nucléaire militaire clandestin, l'Iran avait gelé toutes ses activités à Ispahan à la fin de l'année dernière selon les termes d'un accord conclu avec l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Mais Téhéran a relancé en août son site de conversion d'Ispahan, conduisant à la rupture des discussions avec la troïka européenne. INSPECTION À PARCHINE Selon un diplomate européen proche de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), il est difficile de déterminer quelle quantité d'uranium pourrait être convertie à partir de la semaine prochaine. Dans un rapport publié le 2 septembre, l'AIEA assurait que l'Iran avait produit 6,8 tonnes d'hexofluorure d'uranium gazeux (UF6) pouvant théoriquement être enrichis en combustible à usage militaire. Mais des diplomates familiers du dossier ont estimé que cet uranium converti était de trop mauvaise qualité pour entrer dans la confection d'une bombe. L'Iran a pourtant fait preuve d'ouverture en autorisant des inspecteurs de l'AIEA à visiter un autre site militaire sensible, celui de Parchine, ont indiqué des diplomates mercredi. Les inspecteurs ont prélevé "des échantillons dans l'environnement" qui permettront de déterminer l'éventuelle existence de particules radioactives, qui prouveraient la présence sur place de matériel nucléaire, selon ces diplomates. Une telle visite va au-delà des engagements pris par l'Iran dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), puisque le TNP ne prévoit que des inspections des sites où se trouve avec certitude du matériel nucléaire. LA FRANCE HAUSSE LE TON Le ministre des affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy, a, de son côté, de nouveau menacé mercredi d'une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU si l'Iran ne suspendait pas ses activités nucléaires sensibles. "Le 24 novembre, au Conseil des gouverneurs de l'AIEA, il y aura de la part de la France à la fois une fermeté, mais également une recherche de l'unité de la communauté internationale", a déclaré M. Douste-Blazy à l'Assemblée nationale. Mais si les Iraniens "ne le veulent pas, s'ils ne le souhaitent pas, alors il y aura une fermeté et il y aura un retour du rapport [du directeur de l'AIEA Mohamed] ElBaradei vers le Conseil de sécurité des Nations unies". M. Douste-Blazy a de nouveau condamné les propos du président iranien, qui avait affirmé qu'Israël devait être "rayé de la carte". Il faut "à la fois la terre pour les Palestiniens et la sécurité pour Israël", a-t-il ajouté. "Cela nécessite de la part de l'Iran une chose très claire : qu'il ne remette pas en cause l'existence même de l'Etat d'Israël".e de la défense Michèle Alliot-Marie a prononcé, mercredi 2 novembre, des sanctions contre le général Henri Poncet et son adjoint, après le meurtre dans des conditions atroces d'un Ivoirien par des soldats français. Henri Poncet, qui dirigeait l'opération Licorne en Côte d'Ivoire au moment des faits, en mai 2005, ainsi que le général Renaud de Malaussène, sont frappés d'un blâme, une sanction "très lourde", a expliqué à la presse le général Henri Bentégeat, chef d'état-major des armées, qui a précisé que cela faisait au moins quinze ans qu'une telle sanction, la plus grave d'ordre disciplinaire dans l'armée, n'avait été infligée par un ministre à un officier. Firmin Mahé, un "coupeur de routes" ivoirien soupçonné d'actes criminels par les forces françaises, a été "tué par étouffement par des militaires français dans un véhicule blindé entre Bangolo et Man, le 13 mai", indique le rapport d'enquête remis mercredi à la ministre de la défense, confirmant les révélations de la presse, la semaine dernière, selon lesquelles ce suspect, blessé par des tirs français, avait ensuite été étouffé au moyen d'un sac en plastique. LES DEUX GÉNÉRAUX TRANSFÉRÉS "Le commandant de la force Licorne [le général Poncet] a été informé des faits, mais ne les a pas portés à la connaissance de ses autorités hiérarchiques", précise le rapport d'enquête. Les deux généraux ont "délibérément occulté des faits graves survenus sur le théâtre d'opérations dont ils avaient la responsabilité". Le blâme touche deux généraux "aguerris, à la compétence reconnue" selon le général Bentégeat, et auxquels avaient été confiées des missions délicates. "Ce n'est pas une sanction mince dans les armées (...) Ces sanctions les mettent dans des postes de chargés de mission et non plus de commandement", a-t-il ajouté. "Au-delà du meurtre lui-même, qui reste inqualifiable, deux éléments fondamentaux de notre crédibilité sont en cause dans cette affaire", a déclaré le général. D'une part, "un soldat français a le devoir de respecter son adversaire, a fortiori s'il est blessé et désarmé", d'autre part "le responsable d'un théâtre d'opérations doit une transparence absolue au chef d'état-major des armées". "Toute rupture de confiance entre ces deux niveaux peut avoir des conséquences dramatiques dans la conduite des opérations", a-t-il insisté. Le général Poncet, qui depuis son retour de Côte d'Ivoire cet été dirigeait la région Terre Sud-Ouest, devrait être transféré à Paris, pour intégrer la direction du renseignement militaire. Le général de Malaussène, qui dirige depuis le 4 octobre la brigade multinationale des Nations unies au Kosovo, devrait être muté à Lyon. POURSUITES PROBABLES DEVANT LES TRIBUNAUX Lorsque cette affaire avait été annoncée par le ministère de la défense, le 17 octobre, trois militaires avaient été suspendus : le général Poncet, le colonel Eric Burgaud et un adjudant-chef qui se trouvait dans le véhicule où a été tué Firmin Mahé. La ministre a décidé mercredi de suspendre aussi deux militaires du rang, dont l'enquête de commandement a établi qu'ils étaient également présents lors des faits. Ces trois militaires et leur chef de corps seront traduits devant un conseil d'enquête "afin que soient proposées des sanctions adaptées à leurs responsabilités". A ces sanctions militaires pourraient s'ajouter des poursuites devant les tribunaux. La ministre de la défense a ordonné la déclassification du rapport d'enquête de commandement et sa transmission au juge d'instruction. En effet, le procureur du tribunal aux armées de Paris a ouvert une information judiciaire contre X pour "homicide volontaire". "Le rapport, précise le ministère, fait apparaître deux niveaux de responsabilités, celui de l'implication directe ou indirecte dans l'homicide d'une part, celui de la falsification des rapports et de la dissimulation de l'ensemble des faits d'autre part."