Annonce L'interpellation de certaines figures des hippodromes a conduit gendarmes et policiers vers d'autres milieux sportifs, comme la boxe et le cyclisme Dopage hippique : l'affaire touche d'autres sports L'Orne, le Calvados, l'Oise et désormais la région parisienne : ouverte courant février au tribunal d'Alençon, l'enquête portant sur un trafic présumé de produits dopants employés dans divers milieux sportifs a pris ces deux derniers jours une dimension nationale. Mardi, onze personnes travaillant sur les champs de courses et dans le cyclisme ont ainsi été interpellées et placées en garde à vue en Normandie et à Chantilly (Oise). Parmi eux, on retrouve le soigneur Bernard Sainz, jadis connu dans le peloton sous le nom de «docteur Mabuse», ainsi que plusieurs entraîneurs et propriétaires de chevaux. Un pharmacien et un employé de pharmacie ont également été interpellés respectivement à Paris et à Thiais (Val-de-Marne). Ces deux derniers, placés en garde à vue par la PJ de Versailles, sont soupçonnés d'avoir fourni des substances illicites à des intermédiaires chargés de les acheminer, ensuite, vers les milieux du cheval et de la boxe. Intervenant sur commission rogatoire du magistrat instructeur Jan, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour diverses infractions concernant notamment des «trafics de substances vénéneuses», «exercice illégal de la médecine», les gendarmes ont perquisitionné mardi matin les locaux des entraîneurs Yann-Marie Porzier à Lamorlay, près de Chantilly, et Jean-Philippe Dubois à Aunou-sur-Orne. Divers prélèvements biologiques ont en outre été réalisés par les gendarmes sur trois chevaux, en vue d'analyses toxicologiques. S'il est encore difficile d'établir les contours précis de l'affaire, révélée mardi par un communiqué de la société France-Galop, le profil de certains gardés à vue tend à étayer la thèse d'un trafic de produits interdits. Le nom de Bernard Sainz, propriétaire de chevaux et figure des champs de courses, est ainsi indissociablement lié au dopage. En 1999, l'homme, connu dans le peloton du cyclisme qu'il fréquente depuis une trentaine d'années, est interpellé par la brigade des stupéfiants dans le cadre d'une affaire de produits dopants et masquants. Âgé alors de 55 ans, il est entendu en compagnie de onze coureurs, d'un footballeur et de l'avocat Me Bertrand Lavelot. Le 27 février 2002, Sainz est ensuite interpellé, en Belgique cette fois, avec des seringues et des ampoules de produits suspects dans son véhicule. Respectivement entraîneurs de galop et de trot, Yann-Marie Porzier et Jean-Philippe Dubois sont également connus pour avoir, à plusieurs reprises, été mis en cause par les instances hippiques de lutte antidopage. En 1996, Dubois a ainsi dû s'acquitter d'une amende de 20 000 francs après la découverte d'une substance analgésique dans des prélèvements réalisés sur l'un de ses chevaux vainqueurs à Vincennes. Deux ans plus tard, le 27 juillet 1998, il écopait de la même sanction après la disqualification de Janina sur le champ de courses de Cabourg. Connu pour ses performances répétées depuis son installation près de Chantilly en 1999 – à titre d'exemple, l'un des chevaux qu'il entraîne a remporté lundi dernier le tiercé-quarté-quinté + à Saint-Cloud –, Yann-Marie Porzier s'est également trouvé mis en cause par la Fédération nationale de course française. Au printemps 2003, l'un de ses pur-sang a été contrôlé positif à la testostérone, sans pouvoir produire d'ordonnance justifiant l'administration de ce produit. Il a alors écopé de 4 500 euros d'amende. Plus récemment, le 5 octobre 2004, à Enghien, une présence de dexametosane, un corticoïde, a été détectée dans l'organisme de l'un de ses chevaux. Bilan : 5 000 euros d'amende. Tandis que déjà, sur les champs de courses, des voix s'élèvent pour dénoncer «des dénonciations dictées par la jalousie», sept des onze gardes à vue ont été prolongées hier. Utilisées dans le cadre d'une affaire de stupéfiants, elles pourraient durer jusqu'à 96 heures.