Naissance de L'infante Leonor

Naissance L'infante Leonor sera-t-elle la première femme à régner sur l'Espagne depuis Isabelle II ? Si elle doit un jour accéder au trône d'Espagne, ce sera sans doute sous la pression populaire. Leonor, fille de Letizia Ortiz et de l'héritier de la couronne, le prince des Asturies Felipe de Bourbon, et petite-fille de Juan Carlos Ier, est née lundi 31 octobre, à 1 h 46 du matin. La fillette aura le titre d'infante, princesse des Asturies, de Viana y Gerona, et le rang d'Altesse royale. Leonor vient en seconde position, après son père, dans la ligne de succession. Mais, pour être née fille, celle que la presse du coeur espagnole, qui croyait savoir ces derniers jours que le bébé serait un garçon, avait un peu vite surnommée avant sa naissance "l'héritier de l'héritier" pose, justement, un problème tant politique que protocolaire. Leonor ne pourra en effet régner que si elle n'a pas de frère, ou si la Constitution espagnole est modifiée avant la naissance de celui-ci. Actuellement, la Loi fondamentale prévoit la primauté des hommes sur les femmes dans l'ordre de succession au trône. Cela signifie que si Leonor devait ultérieurement avoir un frère, c'est lui qui deviendrait "l'héritier de l'héritier". Le président du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, qui a formé un gouvernement paritaire et se veut un promoteur de la place des femmes dans tous les rouages de la société, s'est engagé à supprimer cette disposition sexiste lors de son discours d'investiture. Tous les partis politiques sont d'accord, mais la procédure de révision du chapitre de la Constitution relatif au trône est très lourde et elle passe, en tout état de cause, par la dissolution des Cortes, suivie d'élections législatives et d'un référendum. Il y a donc peu de chances que le chef du gouvernement sacrifie son étroite majorité si loin de la date prévue pour les élections, en 2008. En outre, pour éviter qu'un référendum sur l'ordre de succession se transforme en plébiscite pour ou contre la monarchie, M. Zapatero a prévu de regrouper cette réforme constitutionnelle avec d'autres propositions, moins consensuelles. Compte tenu du climat politique actuel en Espagne, il est peu probable que l'ensemble de ces mesures puisse faire l'objet d'un accord avec l'opposition de droite, accord nécessaire à l'adoption de la réforme. Sans empiéter sur les prérogatives constitutionnelles du gouvernement, le prince Felipe, qui a précédemment exprimé le souhait d'avoir "un minimum de deux et un maximum de cinq" enfants, a clairement fait connaître son avis dès la naissance de sa fille. "La logique des temps indique que si la réforme constitutionnelle promise par le gouvernement" est menée à bien et s'accorde, comme c'est probable, avec "le sentiment majoritaire" des Espagnols, a-t-il dit, Leonor sera son héritière. Dans ce cas, le septième petit-enfant de Juan Carlos pourrait devenir la première chef de l'Etat espagnol de plein droit depuis Isabelle II (1833-1868). L'eau du Jourdain qui servira pour son baptême a déjà été puisée par les frères franciscains de Jérusalem.