Incendie L'incendie d'une discothèque à Buenos Aires fait 175 morts Plusieurs portes étaient condamnées par "du fil de fer et des cadenas" quand le feu s'est déclaré. Le dernier bilan en date de l'incendie qui a ravagé la discothèque Republica de Cromagnon, à Buenos Aires, aux premières heures de la journée du vendredi 31 décembre s'élevait, vingt-quatre heures plus tard, à au moins 175 morts et 889 blessés. Selon le maire de la capitale, Anibal Ibarra, le nombre de morts pourrait augmenter dans la mesure où certains blessés sont très gravement atteints. Les quelque 2 000 adolescents présents, dont de nombreux mineurs et même de jeunes enfants, "ont été pris dans un piège mortel", a déclaré le ministre de l'intérieur, Anibal Fernandez. "Le local disposait théoriquement des installations réglementaires mais, dans la pratique, seules deux portes pouvaient s'ouvrir, les autres ayant été condamnées par du fil de fer", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse. "Du fil de fer et des cadenas", a renchéri le maire, selon lequel la condamnation de ces portes était une "décision irresponsable, dont le but était d'empêcher que des gens entrent sans payer". POLÉMIQUE SUR LA SÉCURITÉ Lors d'une perquisition dans un immeuble du centre-ville, la police a interpellé le propriétaire de la discothèque, Omar Chaban, qui avait pris la fuite après le drame. Bien connu dans les milieux du rock and roll et l'un des pionniers dans l'organisation de concerts "underground" dans les années 1990, M. Chaban n'a pas opposé de résistance, selon une source du ministère de l'intérieur. Le sinistre a été déclenché par des feux d'artifice lancés à l'intérieur même du local. C'est une pratique courante en période de fêtes de fin d'année. Elle a sans doute été accentuée par le fait que les fans du groupe de rock Callejeros ("Les Gens de la rue"), qui se produisait dans la discothèque, sont connus pour leur amour immodéré des feux d'artifice, de l'aveu même de l'attaché de presse du groupe, Martin Bizzio. A l'entrée de la discothèque, les organisateurs avaient fouillé les jeunes pour confisquer tout engin pyrotechnique, mais les tirs de fusées ont commencé dès que le groupe a commencé à jouer, selon des témoins. Le drame du Republica de Cromagnon a relancé la polémique sur la question de la sécurité dans les salles de spectacle ou de danse. Un drame similaire avait eu lieu en décembre 1993, dans une discothèque d'Olivos, dans la banlieue nord de Buenos Aires. Des lycéens s'y étaient rassemblés pour célébrer leur diplôme de fin d'études secondaires. Dix-sept d'entre eux avaient péri et 24 avaient été blessés. Onze ans plus tard, la justice n'a encore désigné aucun coupable, bien que l'enquête ait révélé de multiples irrégularités, dont le nombre de personnes admises ce jour-là : 400 au lieu d'un maximum autorisé de 150. - (AFP.)