Fait divers L'incendie d'un bus marseillais provoque l'émotion en France L'incendie d'un bus, samedi 28 octobre à Marseille, dans lequel une jeune femme a été grièvement blessée fait la "une", lundi, de presque tous les quotidiens. "Le bus de trop" titre Libération, "Bus : les attaques tournent au drame" constate Le Figaro, "L'indignation" souligne simplement Le Parisien. Réunion sur la sécurité et les transports publics à Matignon Dominique de Villepin préside, lundi 30 octobre, à 10 heures, à Matignon, une réunion sur la sécurité et les transports publics. Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, et celui des transports, Dominique Perben, ainsi que la présidente de la SNCF, Anne-Marie Idrac, le président de la RATP, Pierre Mongin, et le délégué général de l'Union des transporteurs publics, Bruno Gazeau, seront présents. Il s'agit, a-t-on précisé à Matignon dimanche soir, "de faire le point de la situation et d'évaluer les moyens à mettre en œuvre" pour faire face aux récents actes de violences dans les quartiers sensibles où les moyens de transports publics sont l'objet d'attaques. – (Avec AFP) [-] fermer La jeune femme, Mama Galledou, une étudiante marseillaise d'origine sénégalaise, luttait toujours dimanche contre la mort. Elle a été brûlée à "près de 70 % de la surface du corps" et "le pronostic vital est engagé", a indiqué l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille (APHM). Si elle s'en sort, elle devrait garder une infirmité permanente, a précisé le procureur de la République, Jacques Beaume, selon qui les auteurs sont passibles de trente ans de réclusion criminelle. Cette attaque, qualifiée de "guet-apens" par M. Beaume, a été commise samedi soir dans le 13e arrondissement, à proximité de cités habituellement sans problèmes notables. Le visage dissimulé dans leur capuche, des adolescents ont forcé les portes du bus qui transportait une dizaine de passagers, ont répandu de l'essence et y ont mis le feu avant de prendre la fuite. Face à cet incident, l'émotion a été générale et a amené le gouvernement à décider un renforcement de la sécurité dans les transports. Le président Jacques Chirac s'est entretenu par téléphone avec la famille de la jeune femme. Il lui a exprimé "son horreur devant cet acte ignoble". Le premier ministre, Dominique de Villepin, a fait part de "son indignation devant cet acte de violence" et annoncé qu'il tiendrait lundi à Matignon une réunion sur la sécurité et les transports publics. Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, qui a évoqué "une inqualifiable tentative criminelle", a lui aussi téléphoné à la famille et pris des nouvelles auprès du médecin de la jeune femme. "UN ACTE ISOLÉ" A quelques mois de la présidentielle, l'incident a également pris une tournure politique : le premier secrétaire du PS, François Hollande, s'en est directement pris à Nicolas Sarkozy. "Sa responsabilité est forcément engagée, quand il a enlevé des effectifs de police de certains quartiers, lorsqu'il a cassé la police de proximité, lorsqu'il a lui-même provoqué verbalement un certain nombre de jeunes. Oui, il a créé une situation de tension", a-t-il déclaré, dimanche sur Radio J, tandis qu'à Tours, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, dénonçait "une stratégie de tension". Des mesures ont été immédiatement arrêtées : le nombre de CRS a été doublé à Marseille, avec l'envoi de deux compagnies s'ajoutant aux deux déjà en place. A partir de ce dimanche, une "tolérance zéro" sera appliquée dans huit zones "sensibles" de la ville, a indiqué le préfet de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur), Christian Frémont, ajoutant que les quatre terminaux principaux de bus feraient par ailleurs l'objet d'une "surveillance permanente" par la sécurité publique. Aucun bus ne circulait dimanche dans la ville, les chauffeurs ayant décidé d'exercer leur droit de retrait. Les enquêteurs tentent désormais de recueillir un maximum de témoignages : "Une enquête de voisinage extrêmement importante est en cours", a indiqué le procureur en soulignant que les témoignages pouvaient rester anonymes. Alors que Marseille compte plus de 10 % d'immigrés et des zones de grande pauvreté, les responsables de la région ont pour leur part été unanimes : l'action de samedi soir constitue "un acte isolé" et la situation y est "globalement calme", ont-ils assuré.