Annonce Liban : Après le vote d'une résolution de l'ONU Présidentielle libanaise : Damas ignore la pression internationale La Syrie a paru insensible hier à la pression internationale, ses auxiliaires au Liban orchestrant comme prévu la reconduction pour trois ans du président sortant, Emile Lahoud. Ignorant superbement la résolution du Conseil de sécurité adoptée dans l'urgence jeudi, le Parlement s'est réuni hier pour amender la Constitution qui limite théoriquement le mandat présidentiel à six ans non renouvelables. Ce passage en force a provoqué l'ire de l'église maronite – le président de la République est forcément choisi dans les rangs de cette communauté – qui a dénoncé avec une rare virulence l'influence de Damas au Liban. Dans un réquisitoire, dressé jeudi par anticipation du vote parlementaire, le conseil des évêques maronites accuse la Syrie de protéger «les corrupteurs et les corrompus», de «violer» la Constitution et d'imposer sa volonté, avec «mépris» à des Libanais incapables d'élire leurs véritables représentants au Parlement, «le système démocratique qui caractérise notre pays (ayant) été corrompu». Le tollé provoqué au Liban par la décision syrienne n'avait en fait aucune chance de se traduire par un vote négatif, tant la représentation parlementaire est verrouillée par Damas et ses amis. Seule une alliance entre le bloc de Walid Joumblatt, le chef druze, allié de la Syrie, mais opposé à la reconduction d'Emile Lahoud ; les députés de l'opposition chrétienne et le bloc du premier ministre Rafic Hariri auraient pu empêcher l'amendement de passer. Mais ce dernier a préféré ne pas contrecarrer la volonté syrienne, quitte à démissionner par la suite, comme le prédisent certains journaux locaux. La résolution 1559 du Conseil de sécurité appelant au respect de la souveraineté du Liban, au retrait de toutes les troupes étrangères de son sol et à des élections présidentielles libres et équitables n'a pas davantage infléchi la procédure parlementaire libanaise : elle a été rejetée comme une «ingérence» par le gouvernement libanais. Les milieux proches de Damas estiment même que le pire a été évité puisque la résolution est passée à une courte majorité de neuf voix et que le texte final a été édulcoré, la Syrie n'étant plus désignée nommément. La menace de prendre des «mesures supplémentaires» si la résolution n'est pas suivie d'effet a également été supprimée de la version finale. «Le fait que le Conseil ait donné un délai probatoire d'un mois» à la Syrie et au gouvernement libanais «ouvre la voie à une résolution plus contraignante», estime toutefois le quotidien arabophone An Nahar. Le bras de fer entre Washington et Damas est loin d'être terminé. La Syrie a gagné du temps, une fois de plus, mais elle doit faire face à des pressions américaines de plus en plus ciblées. L'éditorialiste et PDG du quotidien As Safir, Talal Salman, se fait indirectement l'écho des craintes du régime syrien : selon lui, la politique suivie par Washington depuis les attentats du 11 septembre 2001 pourrait se traduire par une intervention militaire contre la Syrie, dont l'exécution serait confiée à Israël.