Annonce Liban : Amnesty demande la libération de Samir GeageaAncien chef de la milice chrétienne des Forces libanaises (FL), Samir Geagea croupit depuis plus de dix ans au fond d'une cellule dans les sous-sols du ministère de la défense à Beyrouth. Condamné à mort en juin 1995, sentence aussitôt commuée en détention à perpétuité, il reste aux yeux de nombreux Libanais, quatorze ans après la fin des combats, l'unique bouc émissaire de la guerre civile qui ravagea le pays de 1975 à 1990. Dans un rapport publié mardi 23 novembre à Londres, Amnesty International dénonce le sort réservé à Samir Geagea et à Jirjis Al-Khoury, autre membre des FL, et demande leur libération immédiate, à moins qu'ils ne soient à nouveau jugés, dans les meilleurs délais, par une juridiction pénale indépendante. L'organisation de défense des droits de l'homme exhorte aussi le gouvernement libanais à cesser toute torture et à autoriser l'ouverture d'enquêtes sur les cas de mauvais traitements.Samir Geagea a été arrêté le 21 avril 1994, deux mois après un attentat, ayant fait dix morts, contre une église de Beyrouth. Il sera plus tard innocenté dans cette affaire. En revanche, il fut inculpé puis condamné trois fois à mort par le Conseil de justice, un tribunal d'exception, pour l'assassinat en octobre 1990 de Dany Chamoun, chef d'un parti chrétien rival des FL, et de sa famille. Les avocats de Samir Geagea firent valoir, en vain, que le crime, dont il était inculpé quatre ans après les faits, était couvert par la loi d'amnistie générale de 1991.Amnesty International dénonce le maintien depuis dix ans "dans un isolement cellulaire", aux termes d'un "procès inique", de Samir Geagea, 52 ans, médecin, et de Jirjis Al-Khoury, 36 ans, informaticien.Ils sont les seuls prisonniers dans le centre de détention du ministère de la défense, l'un des huit lieux de détention "privés" du pays. Les journaux, la radio, la télévision leur sont interdits. Ils peuvent parler à leur famille, certains jours de la semaine, en présence de militaires.Le Comité international de la Croix-Rouge n'a jamais été autorisé à leur rendre visite. Selon un rapport médical rendu public en septembre, Samir Geagea souffre d'ostéomalacie, une maladie osseuse sans doute due au manque prolongé d'exposition au soleil. Pendant ses interrogatoires, Jirjis Al-Khoury aurait été victime, comme d'autres anciens détenus, de multiples sévices, dont Amnesty dresse une liste non exhaustive. L'organisation dénonce le "traitement cruel, inhumain et dégradant" infligé aux deux hommes. L'ancien chef des FL continue de payer au prix fort l'hostilité à la mainmise de Damas sur le Liban, qu'il fut le seul à exprimer avec constance, avec le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir.
