Changement l'ex-patron de Siemens devient conseiller économique d'Angela Merkel Angela Merkel, dont l'Union chrétienne-démocrate (CDU) a toutes les chances de remporter les élections législatives allemandes du 18 septembre, a convaincu l'un des patrons les plus influents du pays de devenir son conseiller pour la politique économique. Heinrich von Pierer, président du conseil de surveillance de Siemens, le troisième groupe industriel outre-Rhin, aura la charge de présider un Conseil pour l'innovation et la croissance. Ce Bavarois de 64 ans devait être présenté officiellement dans ses nouvelles fonctions mardi 30 août, avant de partir aussitôt visiter, au côté de la candidate conservatrice à la chancellerie, une entreprise chimique de Berlin. Lancé en pleine campagne électorale, le message est clair : Angela Merkel aime les patrons et ceux-ci le lui rendent bien. Non pas que l'actuel chancelier, le social-démocrate Gerhard Schröder, ait eu des relations détestables avec les chefs d'entreprise. Au contraire, il s'était vu reproché, après son arrivée au pouvoir en 1998, d'être trop proche de ces milieux, au point d'être baptisé "le camarade des patrons" par les médias. L'un de ceux que M. Schröder côtoyait alors volontiers était précisément M. von Pierer... Celui-ci est même devenu membre d'un club de grands patrons, Partenaires pour l'innovation, mis en place en 2004 par le chancelier pour le conseiller. Puis le climat entre les sociaux-démocrates et les grandes entreprises s'est peu à peu détérioré. Les hésitations du chancelier à mener jusqu'au bout son programme de réformes et les difficultés économiques persistantes ont brouillé les relations. Soucieux de calmer la gauche de son parti, de plus en plus mécontente de la tournure prise par la politique économique du gouvernement, le président du SPD, Franz Müntefering, avait eu des mots durs sur ces patrons insensibles et trop payés. M. von Pierer passe pour appartenir à l'aile relativement modérée du patronat allemand. Lors de son arrivée à la présidence du directoire de Siemens en 1992, il avait été traité de "romantique social" lors d'une assemblée générale d'actionnaires. Ces critiques s'étaient dissipées lorsqu'il avait restructuré le groupe. Partisan d'une politique de réformes libérales, il a montré qu'il cherchait toutefois à préserver un certain consensus dans l'entreprise. En janvier 2005, il avait quitté la direction opérationnelle de Siemens, après 35 ans dans cette entreprise, pour devenir président de son conseil de surveillance, une fonction qu'il continuera à occuper. La presse spéculait depuis plusieurs mois sur l'arrivée de M. von Pierer sur le devant de la scène politique. Ce membre de l'Union chrétienne sociale (CSU), le petit frère bavarois de la CDU, aurait décliné, l'an dernier, une proposition de briguer la présidence de la République. Son nom avait aussi été avancé comme possible ministre des finances d'un cabinet Merkel. A la tête du futur Conseil pour l'innovation et la croissance, M. von Pierer aura la tâche d'insuffler des idées pour permettre au pays de mieux s'adapter à la mondialisation. Ses dix membres n'ont pas encore été désignés.