Annonce L'Europe propose à la Turquie d'ouvrir des négociations le 3 octobre 2005 Les dirigeants européens ont retenu jeudi soir la date du 3 octobre 2005 et ils se sont mis d'accord pour que, d'ici le début des négociations, la Turquie s'engage à reconnaître juridiquement la République de Chypre, en signant le protocole additionnel à l'accord d'Ankara de 1963. Les dirigeants de l'Union européenne sont tombés d'accord, jeudi 16 décembre dans la soirée, au sommet de Bruxelles pour ouvrir des négociations d'adhésion avec la Turquie le 3 octobre 2005, ont annoncé plusieurs chefs de gouvernement à l'issue d'un dîner de travail des Vingt-Cinq. RECONNAÎTRE CHYPRE "Nous pouvons démarrer les négociations avec la Turquie", a déclaré le premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, président en exercice de l'UE, lors d'une conférence de presse, en soulignant qu'"il n'y a pas de garantie" pour le résultat des négociations. "Ce soir, l'UE a ouvert ses portes à la Turquie", a déclaré le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso. Les 25 gouvernements "ont été d'accord pour estimer que l'objectif est l'acccession" de la Turquie à l'UE, a dit le premier ministre maltais, Lawrence Gonzi. Il a confirmé que les dirigeants européens ont retenu la date du 3 octobre et qu'ils se sont mis d'accord pour que, d'ici le début des négociations, la Turquie s'engage à reconnaître juridiquement la République de Chypre, en signant le protocole additionnel à l'accord d'Ankara de 1963. "C'est une complète victoire" qui répond aux préoccupations de certains pays comme la France et l'Autriche sur le caractère ouvert des négociations, a déclaré le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi. "Nous avons choisi la date du 3 octobre pour donner à la Turquie le temps nécessaire pour reconnaître Chypre, ce qui était nécessaire car on ne peut pas entrer dans une famille sans reconnaître un de ses membres", a expliqué Silvio Berlusconi. UN COMPROMIS SUR LA DATE Le sommet a également tenu compte "de l'exigence de certains pays, la France avant tout" qui voulait que les négociations s'ouvrent durant la deuxième partie de l'année 2005 pour pouvoir organiser le referendum sur la Constitution européenne, a affirmé le chef du gouvernement italien. Sitôt finie sa conférence de presse, M. Balkenende devait faire part au premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan de la décision des Européens. Le chef du gouvernement néerlandais s'est refusé à préjuger de la réaction de son homologue turc. M. Gonzi a émis l'espoir de son côté que la Turquie parapherait le protocole d'Ankara "dans les vingt quatre heures". Les autorités turques ont envoyé des signaux contradictoires sur la question chypriote. Le ministre turc des affaires étrangères, Abdullah Gül, a exclu jeudi soir toute forme de reconnaissance. "Une reconnaissance de Chypre, qu'elle soit directe ou indirecte, est hors de question", a-t-il dit à la presse. Quelques instants plus tard, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, faisait une déclaration plus ambiguë. "Nous sommes toujours prêts à franchir de nouveaux pas sur Chypre, mais ce qui est important c'est la façon dont ce pas est effectué", a-t-il souligné à son hôtel, où il attendait les résultats du sommet européen de Bruxelles. "Nous ne franchirons aucun pas qui irait contre nos intérêts", a-t-il ajouté. DÉCEPTION TURQUE SELON UN DIPLOMATE Recep Tayyip Erdogan est arrivé vendredi matin vers 8 h 45 au Conseil des ministres de l'Union européenne, où se déroule le sommet de Bruxelles, pour une nouvelle rencontre avec le président en exercice de l'UE Jan Peter Balkenende, a constaté l'AFP. MM. Erdogan et Balkenende s'étaient déjà entretenus pendant environ deux heures dans la nuit de jeudi à vendredi après que les chefs d'Etat et de gouvernement des 25 se soient mis d'accord pour proposer d'ouvrir les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE le 3 octobre 2005. M. Erdogan n'a encore fait aucun commentaire sur cette proposition mais un diplomate turc, parlant sous couvert d'anonymat, a fait état vendredi matin de la déception de la Turquie . "Le sentiment est un sentiment de déception", a déclaré ce diplomate sous couvert de l'anonymat. "Il y a de faibles chances" de parvenir à un accord sur le projet actuel de texte, a-t-il ajouté. Le protocole "ne semble pas être un document qui puisse être signé", a poursuivi ce diplomate en évoquant la volonté des Européens de voir la Turquie signer un document étendant aux dix nouveaux Etats membres de l'UE, dont Chypre, un accord d'association liant Européens et Turcs depuis 1963. Le diplomate turc a cependant ajouté que les conversations se poursuivaient et que la Turquie attendait une réponse à des propositions qu'elle avait faites. M. Balkenende avait en revanche estimé dans la nuit de vendredi à samedi que les discussions étaient "sur la bonne voie".