Déclaration L'Ethiopie annonce son entrée en guerre en Somalie et bombarde les positions islamistesL e premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, a annoncé, dimanche 24 décembre, que son pays était entré en guerre contre les islamistes somaliens pour "protéger sa souveraineté". C'est la première fois qu'Addis-Abeba reconnaît publiquement son implication dans le conflit somalien. Autre "première" : l'aviation éthiopienne, qui défend le gouvernement intérimaire somalien retranché à Baidoa - censé stabiliser un pays privé de pouvoir central depuis le renversement de Mohamed Siad Barre, en 1991 - a bombardé, dimanche, les positions de miliciens islamistes en divers points du pays. Islamistes et forces gouvernementales se sont par ailleurs affrontés pour la sixième journée consécutive. Lundi matin, l'aviation éthiopienne a largué trois bombes sur le principal aéroport de Mogadiscio, faisant au moins un blessé.Les responsables éthiopiens affirment que les combattants de l'Union des tribunaux islamiques sont des terroristes soutenus par l'Erythrée et qu'ils constituent une menace pour Addis-Abeba. "Les forces de défense éthiopiennes ont été contraintes d'entrer en guerre pour protéger la souveraineté de la nation et repousser les attaques répétées des terroristes des Tribunaux islamiques et des éléments anti-éthiopiens qui les soutiennent", a déclaré Meles Zenawi dans une allocution télévisée, diffusée en direct, dimanche soir, par les médias d'Etat."Nous n'essayons pas d'imposer un gouvernement à la Somalie. Nous n'avons pas l'intention de nous immiscer dans ses affaires internes. Nous avons seulement été forcés (d'intervenir) par les circonstances", a poursuivi M. Zenawi, précisant que les forces éthiopiennes quitteront la Somalie "dès qu'elles auront terminé leur mission". Il a ajouté que son pays était favorable à l'idée de négociations entre le gouvernement intérimaire somalien et les Tribunaux islamiques pour mettre en place un gouvernement conjoint.Selon le ministre éthiopien de l'information, l'opération aérienne vise plusieurs secteurs, dont ceux de Dinsoor, Bandiradley et Baladwayne, ainsi que la ville de Buurhakaba, proche du siège gouvernemental de Baidoa, dans le sud.Les diplomates redoutent que l'implication de l'Ethiopie en Somalie confirme le scénario redouté d'un nouveau conflit entre ce pays et l'Erythrée, ancienne province éthiopienne ayant acquis son indépendance en 1993.APPELS AU CALMEFace à cette détérioration rapide de la situation dans une région-clé d'Afrique de l'Est, les appels au calme se multiplient. Samedi, l'ONU, l'Union africaine, la Ligue arabe et l'Egypte ont appelé les belligérants à reprendre les négociations. L'Union européenne a condamné les bombardements aériens et les combats au sol et a, elle aussi, exhorté les différentes parties à retourner à la table des pourparlers.Chaque camp affirme avoir fait des centaines de morts dans les rangs adverses. Les agences humanitaires évoquent, quant à elles, des dizaines de morts. Aucun bilan crédible n'est pour l'instant disponible. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a largué quatorze tonnes de fournitures dans des villages touchés par les inondations dans le sud, peu après l'annonce des raids aériens.L'Union des tribunaux islamiques a engagé les musulmans à se joindre à sa "guerre sainte" contre l'Ethiopie. Dans le port de Kismayo, sous contrôle islamiste, des centaines de femmes et d'enfants ont dit adieu, dimanche, à un millier d'hommes qui se sont portés volontaires pour le front. Vêtus de treillis en lambeaux, ces combattants sont montés à bord de camions militaires en scandant "la victoire est à nous !". Des stations de radio diffusaient des chants patriotiques.L'Ethiopie aurait déployé 6 000 à 8 000 soldats - jusqu'à 20 000 selon certains experts militaires - en Somalie, et l'Erythrée fournirait environ 2 000 hommes aux islamistes, ce qu'Asmara dément. - (AFP, AP, Reuters.)
