Vente L'Etat engrange 4,4 milliards d'euros en vendant 8 % de France TélécomAnnoncée dimanche 5 juin par le ministre de l'économie et des finances (et ancien PDG de France Télécom), Thierry Breton, la cession de 8 % de l'opérateur de télécommunications (faisant descendre la part de l'Etat de 41 % à 33 % du capital, soit la minorité de blocage) devait être bouclée lundi 6 juin, par un placement accéléré auprès d'investisseurs institutionnels. A un prix de vente entre 22,50 euros et 22,85 euros l'action (contre un dernier cours coté, vendredi, de 22,88 euros), l'Etat va encaisser environ 4,4 milliards d'euros.Pour la nouvelle équipe dirigée par Dominique de Villepin, il s'agit de démontrer qu'aucune minute ne sera perdue pour cette "nouvelle impulsion" voulue par le premier ministre et pour donner un exemple des marges de manoeuvre dont dispose l'économie française.D'autant que si l'ouverture du capital de Gaz de France reste un projet sensible, qui ne tiendra probablement pas son calendrier de juillet, vendre des actions de France Télécom est une option confortable. Entrée en Bourse en octobre 1997, l'entreprise a été définitivement privatisée en septembre 2004, avec le passage de l'Etat de 53 % à 42 %. Les enjeux sont donc désormais moindres sur le plan social, même si les syndicats SUD, CGT et FO ont exprimé leur désaccord quant au désengagement de l'Etat, s'inquiétant notamment des conséquences pour l'emploi.De plus, Bercy ne fait pas une mauvaise affaire. Même si le titre affiche un parcours médiocre depuis le début de l'année ( 6 % contre + 9 % pour le CAC 40), la plus-value est coquette. En effet, en mars 2003, quand l'Etat avait joué son rôle d'actionnaire majoritaire en soutenant une augmentation de capital de France Télécom pour alléger le poids de dettes et de pertes records, il avait souscrit des actions à 14,50 euros.MOMENT JUGÉ OPPORTUNAprès cette cession, suivant celle des titres de la Snecma dans le cadre de sa fusion avec Sagem (de l'ordre de 900 millions d'euros), l'Etat a largement rempli l'objectif de privatisations qu'il a inscrit dans le projet de loi de finances pour 2005 (4 milliards d'euros). Les recettes de privatisations ne peuvent pas entrer dans le budget annuel de l'Etat, mais elles servent à des dotations en capital, telles celle de 350 millions d'euros qu'il a prévu d'allouer à l'agence pour la recherche en cours de constitution et celle de 2 milliards d'euros en deux ans qu'il doit apporter à la future agence pour l'innovation industrielle. Bercy pourra affecter le solde à réduire les dettes de certains établissements publics (intégrées dans celle de l'Etat).Du côté de l'entreprise, le moment choisi pour ce désengagement est considéré comme opportun sur un plan boursier. En effet, l'Etat, lors de sa privatisation du groupe il y a neuf mois, avait fixé une période de statu quo se terminant le 4 juin. En agissant aussitôt après et par surprise, Bercy a voulu éviter un effet de spéculation qui risquait de peser sur l'action France Télécom : anticipant une cession à venir, les investisseurs ont tendance à vendre leurs actions pour ensuite les racheter lors du placement de l'Etat, en profitant de la petite décote. Les analystes vont pouvoir revenir désormais aux enjeux industriels de la société, alors que son nouveau PDG, Didier Lombard, devrait présenter son plan stratégique jusqu'en 2008 le lundi 28 juin.
