Refus L'Espagne refuse le projet sécessionniste du Pays basqueSoumis au Parlement hier, le «plan Ibarretxe» a été rejeté par les députés. Les 350 députés espagnols ont été, hier soir, les acteurs d'un vote à la fois historique et sans surprise. Sans surprise car, la veille, les partis avaient déjà annoncé la couleur : à une écrasante majorité, par 319 suffrages contre 29 (et deux abstentions), le projet d'inspiration sécessionniste des nationalistes basques a été rejeté par les Cortes. Vote historique car, pour la première fois à la chambre basse espagnole, le chef d'un exécutif régional, basque en l'occurrence, est monté à la tribune pour défendre le droit à l'autodétermination. Juan José Ibarretxe, qui a prononcé le début de son discours en euskara (langue basque), a officiellement soumis le plan auquel il a donné son nom.Ce projet, inspiré du modèle québécois, prétend qu'Euskadi devienne un «Etat librement associé à l'Espagne», veut établir une «nationalité basque» et s'arroger des prérogatives étatiques (justice, éducation, impôts...). Soutenu par les partis nationalistes basques, catalans et galicien, le «plan Ibarretxe» a été rejeté par le PSOE (les socialistes au pouvoir) et l'opposition conservatrice du Parti populaire, qui, à eux deux, détiennent 89 % des sièges.Silence de mort. «Euskadi n'est pas subordonné à l'Etat espagnol, il ne l'a jamais été et ne le sera jamais (...). Personne ne pourra empêcher le peuple basque de décider de son avenir», a clamé Juan José Ibarretxe, dans un silence de mort. Depuis que, fin décembre, son projet a été adopté au Parlement autonome basque (grâce aux votes de trois députés pro-ETA), les nationalistes modérés du PNV jugent que la majorité de la société basque est en faveur d'une rupture avec l'Espagne même si les auteurs du projet le décrivent comme «un plan de coexistence pacifique». «Le contentieux basque avec l'Espagne est vieux de deux cents ans, il est donc bien antérieur à la barbarie terroriste de l'ETA (...). Notre projet est une opportunité historique de résoudre un conflit. Ne la laissez pas échapper !», a lancé hier Ibarretxe, peu avant un vote dont il connaissait l'issue.Les partis nationaux ont exprimé leur opposition radicale. «Si nous vivons ensemble, nous devons aussi décider ensemble. Cette chambre est le siège de la souveraineté nationale, elle seule peut décider», a répliqué le Premier ministre Jose Luis Zapatero. Se faisant l'avocat d'une «Espagne plurielle et unie», il a toutefois invité Ibarretxe à formuler une autre réforme du statut d'autonomie basque, «acceptable pour tous les Espagnols». De son côté, le leader du PP, Mariano Rajoy, a fustigé un «projet illégal, déloyal, (...) qui, en brandissant l'étendard d'une souveraineté basque imaginaire, prétend saborder la Constitution espagnole».Référendum. Pour Juan Jose Ibarretxe et les siens, le vote sans appel des Cortes n'est cependant pas un coup d'arrêt. «Il n'y a pas de marche arrière possible : les Basques finiront par décider eux-mêmes», a martelé Ibarretxe, qui veut soumettre son plan à référendum d'ici juillet.
