Procès L'escroquerie du Sentier examinée en appel Le vaste système d'escroquerie organisé au milieu des années 90 au départ du Sentier, le quartier parisien de la confection, est examiné à partir d'aujourd'hui par la cour d'appel de Paris. La cour d'appel de Paris, qui rejuge le dossier du Sentier à partir d'aujourd'hui, va examiner les mécanismes d'un vaste réseau d'escroquerie, d'un montant d'environ 82 millions d'euros au préjudice de banques et de compagnies d'assurance. Baptisé "opération planter les banques", il était fondé sur des détournements de fonds et de marchandises. Devant le tribunal, ce dossier avait donné lieu à la condamnation de 88 personnes, obligées de rembourser 23,4 millions d'euros aux victimes. 36 personnes avaient été relaxées. 53 condamnés ont fait appel mais certains pourraient renoncer. Cavalerie, carambouille et blanchimentLargement décrite durant les quinze semaines d'audience au printemps puis à l'automne 2001, l'escroquerie repose, selon le jugement, sur "une cavalerie d'habitude, bientôt érigée en système et doublée de carambouille des marchandises". Elle portait selon l'accusation sur 82 millions d'euros.Le procès avait fait la lumière sur des réseaux d'entreprises qui avaient mis en place un système d'échange de fausses factures, dans le but d'obtenir de l'argent auprès des banques, et sur des entreprises qui passaient de grosses commandes en sachant qu'elles allaient déposer le bilan, et qu'elles ne paieraient donc pas ces marchandises.Les parties civiles, satisfaites que le tribunal ait reconnu sans ambiguïté que toutes ces escroqueries étaient liées et qu'il ait obligé les condamnés à rembourser solidairement le préjudice, n'avaient pas fait appel. " On veut notre mort "Cette condamnation solidaire permet à un créancier de saisir la totalité du capital d'un condamné, même si le montant saisi est supérieur à la quote-part due par le condamné. "On veut notre mort", s'était écrié lors du jugement l'un des chefs de réseau, Sami Brami, surnommé "Sami la Belette", condamné à 5 ans de prison dont trente mois avec sursis. "La prison, ça leur a pas suffi, ils veulent nous tuer avec l'argent", avait-il crié en s'adressant à la presse.Le tribunal avait prononcé des peines échelonnées entre 7 mois de prison totalement assortis du sursis et 7 ans de prison ferme, et jusqu'à 600.000 euros d'amende. La peine la plus lourde avait été prononcée contre Haïm Weizman, alors en fuite en Israël, mais interpellé en Bulgarie et extradé en France en mars. Considéré comme l'un des principaux organisateurs de cette escroquerie, il sera rejugé en septembre et octobre par le tribunal correctionnel de Paris aux côtés de Thierry Luksemberg (condamné à six ans de prison et 300.000 euros d'amende), ancien chef de réseau également en fuite lors du premier procès.Compte tenu du nombre de prévenus et de parties civiles, le procès se tiendra dans la 3ème chambre de la cour d'appel de Paris. La cour siégera les lundis, mardis et mercredis après-midi jusqu'au 30 juin.
