Manifestation Les syndicats européens ont réuni plus de 50 000 manifestants à Bruxelles contre la directive Bolkestein lus d'emplois et de meilleure qualité, défense de l'Europe sociale, stop Bolkestein" : c'est derrière cette bannière qu'ont manifesté à Bruxelles, samedi 19 mars vers 14 heures, plus de 50 000 personnes, à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES). Son secrétaire général John Monks, a précisé vouloir "envoyer un message fort aux chefs d'Etat qui se réunissent ici la semaine prochaine", pour relancer la stratégie de Lisbonne, adoptée en 2000 avec l'ambition de faire de l'Union européenne la zone économique la plus compétitive au monde à l'horizon 2010. La directive sur les services, élaborée par l'ancien commissaire européen au marché intérieur, le Néerlandais Frits Bolkestein, était clairement la principale cible des slogans scandés, comme "Nuit gravement à l'Europe sociale". Le projet, dénoncé par la gauche et les syndicats européens ainsi que plusieurs Etats membres, dont la France, l'Allemagne, la Belgique et la Suède, vise à libéraliser les échanges de services en Europe, au prix, selon les syndicats, d'un nivellement vers le bas des standards sociaux. Et ses opposants n'ont pas apprécié que le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, ait refusé d'abandonner sa disposition la plus controversée, le "principe du pays d'origine", qui permet à un prestataire de services d'opérer à travers l'UE en appliquant la loi de son propre pays. DEFENSE DES SERVICES PUBLICSOutre le retrait de cette directive, la CES a pour objectif de voir l'emploi et la "protection des droits sociaux fondamentaux" érigés en priorités. "Des emplois, mais pas à n'importe quel prix", pouvait-on lire sur des calicots, tandis que d'autres réclamaient l'avènement de "l'Europe sociale". Dans le cortège bariolé, mêlant les bannières de plusieurs dizaines de syndicats d'Europe - la FGTB belge, très représentée, le DGB et l'IG Metall allemands, la CGT, CFDT et FO françaises, la CGIL italienne, l'espagnol CCOO, le polonais Solidarnosc, etc - fleurissaient aussi les slogans prônant la défense des services publics."Dans un marché où les services sont libéralisés, nous sommes une anomalie, nous, les services publics", affirmait Bernard Soula, brancardier CGT venu, comme nombre de salariés des transports ou de la santé, clamer son attachement à la législation sociale et aux services publics en Europe. "En Italie on combat déjà la politique libérale de Berlusconi, on ne veut pas d'une directive qui étende cette politique à l'échelle de l'Europe", dénonçait de son côté Sergio Sinchetto (CGIL). "L'Union europénne, ce n'est pas seulement le capitalisme, ce sont aussi les travailleurs, c'est aussi 19 millions de chômeurs", soulignait une banderole brandie par des Slovènes, vêtus pour certains en costume traditionnel, peau de mouton et cloches à la ceinture."NON" DISCRETS A LA CONSTITUTIONLa Constitution européenne, dont la ratification fait l'objet d'un référendum dans une dizaine de pays, n'a pas été évoquée, selon le souhait de la CES, qui soutient le traité. Seuls quelques trublions de la CGT avaient confectionné des banderoles dissidentes : "Non à l'Europe antisociale, je vote NON ! ". Le ton était aussi nettement anti-Constitution quelques dizaines de mètres plus loin, dans deux autres cortèges d'organisations non-gouvernementales et du Forum social européen, qui manifestaient le long du même itinéraire que la CES pour une "autre Europe, sociale, solidaire, égalitaire et pacifique". Les altermondialistes défendaient surtout le "non à la guerre" et "changez le monde". En tête de cortège venait la "marche des jeunes pour l'emploi", organisée par le syndicat belge FGTB.
