Liberation Les six Français de L'Arche de Zoé graciés ont été libérésAprès cinq mois de prison au Tchad puis en France, six travailleurs humanitaires français de L'Arche de Zoé ont été libérés, lundi soir 31 mars, en vertu d'une grâce accordée par le président tchadien, Idriss Déby. Les membres de l'ONG avaient été condamnés à huit ans de prison pour tentative d'enlèvement de cent trois enfants africains.Le décret tchadien a été transmis en fin de journée aux autorités françaises et la levée d'écrou des six membres de l'ONG est intervenue dans la soirée. Le président de l'ONG, Eric Breteau, et sa compagne Emilie Lelouch, ont quitté la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, à l'insu des nombreux journalistes présents sur place, qui n'ont pas pu les filmer ou les photographier. La levée d'écrou de l'infirmière Nadia Merimi, détenue à l'hôpital de Villejuif, a également été prononcée, mais, selon une source proche du dossier, elle devait rester hospitalisée sur place où elle avait été transférée dès son retour en France, en état d'épuisement.Le président Nicolas Sarkozy a souligné que la décision tchadienne était "dans la ligne des entretiens" qu'ils avaient eus avec le président Déby, selon un communiqué de l'Elysée.Le mois dernier, Idriss Déby, dont le régime était menacé par l'assaut à N'Djamena d'une guérilla armée, s'était dit "prêt à pardonner" aux six condamnés français. La France avait aidé le président tchadien à faire avorter cette tentative de renversement de son régime.LA LIBERTÉ POUR "FAIRE ENTENDRE LEUR VÉRITÉ" Me Gilbert Collard, avocat d'Eric Breteau et d'Emilie Lelouch, a déclaré que ses clients allaient maintenant mettre à profit leur liberté pour "faire entendre leur vérité." "Ils pourront se défendre comme ils n'ont pas pu le faire jusqu'à présent. Quand on est en prison, on ne peut pas dialoguer avec des journalistes, on ne peut pas leur communiquer des pièces", a-t-il dit à l'agence Reuters. "C'est le soulagement, on n'y croyait plus", a réagi sur Europe 1 Anne-Sophie, la nièce du pompier Dominique Aubry. "En revanche, son honneur n'est pas lavé, il a vraiment hâte que tout le volet français se fasse, parce que lui n'est pas mis en examen. Et il a vraiment hâte que la lumière soit faite pour qu'il puisse regarder les gens en face", a-t-elle ajouté.Arrêtés le 27 octobre dans l'est du Tchad alors qu'ils s'apprêtaient à emmener en France cent trois enfants, les six membres de L'Arche de Zoé avaient été condamnés en décembre 2007 à huit ans de travaux forcés par la cour criminelle de N'Djamena pour tentative d'enlèvements. Ils avaient été transférés le 28 décembre en France, où leur peine avait été convertie, le 28 janvier 2008, en huit ans de prison par le tribunal correctionnel de Créteil, malgré les protestations de leurs avocats, qui estimaient le procès au Tchad inéquitable.PROCÉDURE EN FRANCEL'affaire a relancé le débat sur l'aide humanitaire en France et perturbé les relations entre Paris et N'Djamena, au moment où la France s'apprêtait à participer militairement à une force d'interposition au Soudan voisin.Les six membres de L'Arche de Zoé se disent victimes d'une injustice et expliquent n'avoir cherché que le bien des enfants, supposés être sauvés du conflit de la province soudanaise du Darfour. L'enquête a cependant montré que les cent trois enfants, récemment rendus à leurs familles, n'étaient ni orphelins ni soudanais, et avaient été recueillis dans l'est du Tchad auprès de leurs parents, via des intermédiaires. La question des 4,12 milliards de francs CFA (6,3 millions d'euros) que les condamnés doivent toujours verser "solidairement" aux familles des cent trois enfants reste également posée. Cette question "n'est pas concernée par la grâce", a insisté le gouvernement tchadien.Une autre procédure est en cours en France sur cette affaire pour "escroquerie, exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption et aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers", mais elle ne s'opposait pas à leur libération car aucun mandat de dépôt n'a été délivré par les juges d'instruction parisiens. Sont mis en examen dans ce cadre le président de l'ONG, Eric Breteau, sa compagne Emilie Lelouch, le médecin Philippe Van Winkelberg et le logisticien Alain Péligat.
