Scandale Les scandales financiers au sein de l'Eglise grecque tournent au débat national Le Pasok veut la séparation de l'Eglise et de l'Etat.Athènes de notre correspondantMgr Pantéleïmon, 84 ans, évêque de Corinthe, vient d'être inculpé par la justice grecque pour détournement de quelque 300 000 euros au cours de la dernière décennie et il sera jugé prochainement en cour d'assises. Le prélat aurait utilisé diverses méthodes dont la destruction des livres de son église, en 1997 - pour éviter un contrôle du ministère de l'économie. Cinq autres prêtres locaux sont également inculpés dans cette affaire, et seront jugés.Depuis le mois de janvier, l'Eglise orthodoxe grecque, très influente dans le pays, traverse une crise profonde, à la suite d'une série d'affaires de mœurs, de vénalité et de corruption de magistrats qui touchent le haut clergé. Critiques et autocritiques pleuvent dans tout le pays. Dans son sermon dominical du 6 mars, Mgr Christodoulos, archevêque d'Athènes, impliqué personnellement, a affirmé : "La crise nous oblige à faire notre examen de conscience, celui de notre entourage, celui de nos proches, afin de prendre les mesures indispensables pour guérir le mal."Deux jours plus tard, la hiérarchie envoyait une circulaire aux quelque 8 500 popes grecs, appelant les dirigeants ecclésiastiques et les fidèles à se repentir. Les causes du mal, souligne ce texte, sont l'égoïsme et l'avidité "qui rabaisse l'homme au rang de l'animal", la concupiscence et l'ambition.Cette circulaire a été publiée le jour d'une veillée de prières nationale dans les 81 évêchés du pays, qui a reçu un accueil mitigé. Si les fidèles se sont pressés, mardi 8, à la cathédrale orthodoxe d'Athènes pour assister à un office célébré par Mgr Christodoulos, les fidèles étaient peu nombreux dans les autres églises du pays. Le lendemain 9 mars, Mgr Christodoulos adressait une lettre au ministre de l'économie et des finances, Georges Alogoskoufis, lui demandant de contrôler les comptes des églises et des monastères du pays dans le cadre de la "catharsis" (purification) engagée par l'Eglise. Selon une loi de 1977, les comptes de l'Eglise sont théoriquement soumis au contrôle de l'Etat, mais, en pratique, seuls des organes ecclésiastiques effectuent ce contrôle.Cette série de scandales a conduit les adversaires de l'Eglise à l'attaquer et, selon elle, à la "marginaliser". Le principal parti de l'opposition, le Pasok (socialiste), vient de demander lors de son congrès, et pour la première fois, la séparation de l'Eglise et de l'Etat. "La prétendue séparation de l'Eglise et de l'Etat n'est qu'une expression élégante pour retirer l'Eglise du devant de la scène sociale et nationale", a répliqué la hiérarchie orthodoxe.Celle-ci s'indigne : "Ils veulent à présent imposer le mariage civil pour les fidèles, ridiculisant les liens sacrés du mariage. Ils demandent maintenant la légalisation de la cohabitation des couples homosexuels. Ils posent de nouveau la question de la propriété de l'Eglise. Ils veulent tout à présent !"Dans une conférence de presse, le premier ministre, Costas Caramanlis, a souligné que son gouvernement encourageait la "catharsis" de l'Eglise. "Nous soutenons tout mouvement qui va dans ce sens, et je pense que tout ce qui a été fait, jusqu'à présent, va dans la bonne direction", a-t-il assuré. Le gouvernement "collabore déjà avec l'Eglise de Grèce dans cette voie (...) qui implique, bien sûr, le contrôle nécessaire de la gestion économique, et sur ce point je tiens à être clair", a ajouté M. Caramanlis. II a souligné toutefois qu'il ne souscrivait pas à l'opinion générale, selon laquelle "tout est pourri".
