Annonce Les salariés de la SNCM appelés à se prononcer sur le dépôt de bilan Les salariés de la SNCM, en grève depuis 24 jours, doivent se prononcer, jeudi 13 octobre, dans la matinée – vraisemblablement à bulletins secrets – pour ou contre le dépôt de bilan de leur entreprise. Un refus du dépôt de bilan ouvrirait la voie à une reprise du travail. Pour le PDG de la SNCM, Bruno Vergobbi, l'entreprise vit "l'heure la plus cruciale de ses 30 ans d'histoire". "C'est pour cela, a déclaré M. Vergobbi, que j'ai écrit solennellement une lettre aux salariés mercredi précisant très clairement que la mise en œuvre du plan de reprise proposé par le gouvernement était l'ultime chance de sauver la compagnie". Un dépôt de bilan impliquerait "2 2OO lettres de licenciement", a en outre expliqué M. Vergobbi, ce qui constituerait "un drame social à Marseille et en Corse". Mercredi soir, la CGT a réuni une assemblée générale afin d'expliquer au personnel toutes les implications d'un dépôt de bilan, et a semblé préparer le terrain à une reprise du travail. Pendant près de deux heures, les responsables syndicaux, aidés d'un avocat, ont clairement détaillé aux 500 marins présents le mécanisme et les conséquences d'un dépôt de bilan. "Le seul obstacle incontournable qu'il faut dépasser, c'est le dépôt de bilan", a déclaré à l'issue de l'assemblée générale Jean-Paul Israël, secrétaire général de la CGT-marins. Le revirement de la CGT s'explique par la situation alarmante de l'entreprise. Selon Bruno Vergobbi, la SNCM sera "techniquement en cessation de paiement vendredi, ce qui veut dire qu'à partir de lundi nous ne pourrons plus payer ni les fournisseurs ni les salaires". En outre, depuis lundi, plusieurs syndicats minoritaires (officiers, FO, CFE-CGC et CFDT) ont successivement appelé à la suspension de la grève. En Corse, sept syndicats, dont la CGT et le STC (Syndicat des travailleurs corse, dont la position reste encore en suspens), ont toutefois appelé mercredi à une manifestation unitaire samedi à Ajaccio pour réclamer notamment le maintien de la SNCM dans "le giron public". La cessation de paiement de la SNCM est-elle si imminente ? La compagnie maritime pourrait disposer d'un répit en cas de reprise du travail : jeudi à 15 heures, à Paris, la société holding de la SNCM – la Compagnie générale maritime et financière (CGMF) – réunit son conseil d'administration. Et, selon une source proche du dossier, elle pourrait "statuer sur une éventuelle rallonge" financière de l'Etat à la SNCM, "en considérant qu'il y a un plan crédible de reprise". La SNCM affichait 29,7 millions d'euros de déficit fin 2004. Depuis le début de la grève, le 20 septembre, elle perd chaque semaine 1,5 million d'euros, selon son PDG. Le plan de sauvetage gouvernemental de la compagnie prévoit d'attribuer 38 % du capital au fonds d'investissement Butler Capital Partners (BCP), 28 % à l'opérateur industriel Connex (groupe Veolia), 25 % à l'Etat et 9 % aux salariés. Mais M. Vergobbi indique, dans une interview publiée jeudi par La Tribune, que "dans le plan de reprise présenté par le gouvernement, il y a tout lieu de penser que l'investisseur opérationnel Connex a vocation à monter en puissance au capital". Après avoir prévu de vendre 100 % de la SNCM à Butler Capital Partners (BCP), puis promis que l'Etat garderait 25 %, le gouvernement a fait appel à Connex pour devenir l'opérateur industriel avec 28 %. Le projet de reprise prévoit 400 suppressions d'emploi sans licenciement sec. Elles se répartiront entre "des mesures d'âge [pré-retraites], des départs volontaires et des reclassements chez Connex car il est le seul à avoir des activités dans la région", a détaillé Bruno Vergobbi. Le PDG de la SNCM a estimé que la mise en œuvre du plan de reprise de la compagnie maritime publique prendrait un "délai technique" de deux mois et demi.