Crise Les rebelles maoïstes imposent un blocus de Katmandou Ce premier blocus de Katmandou survient un jour après que les insurgés eurent obligé plusieurs grandes sociétés népalaises à suspendre leurs activités. Il est un nouvel épisode d'une guerre lancée il y a huit ans et qui a fait près de 10 000 morts.Les rebelles maoïstes népalais ont coupé mercredi 18 août les routes d'accès à la capitale du Népal, imposant un blocus partiel à Katmandou et accroissant leur pression sur le régime qu'ils cherchent à renverser depuis huit ans.L'aéroport fonctionnait toutefois normalement. Des habitants et touristes circulaient dans les rues comme d'habitude et l'armée a entrepris d'escorter des convois pour que le ravitaillement de la ville de 1,5 million d'habitants ne soit pas stoppé.Alors que de grandes parties du pays sont déjà contrôlées par la guérilla, les routes normalement encombrées qui mènent à Katmandou étaient quasi vides."Aucun propriétaire n'est prêt à se servir de son véhicule de peur d'être attaqué par les maoïstes", a déclaré Hira Udas, chef de la fédération népalaise des entreprises de transport. "Les forces de sécurité peuvent peut-être protéger les véhicules pendant un jour ou deux, mais ensuite les maoïstes procéderont à des représailles contre ceux qui auront défié leurs ordres", dit-il. Il estime que ce sont 2 000 véhicules par jour qui sont ainsi empêchés d'entrer à Katmandou ou d'en sortir.Des policiers tenant un barrage à 20 km de Katmandou ont confirmé que la circulation était arrêtée. "Depuis ce matin, il n'y a pas eu de passage. Normalement, des centaines de véhicules passent dans les deux sens", a dit un policier.10 000 MORTS DEPUIS 1996 Mais l'armée a escorté un convoi de 28 véhicules de passagers et marchandises vers le sud du pays et devait protéger son retour sur la capitale avec des provisions, a dit un militaire. "Ce processus sera maintenu pour que le ravitaillement en biens ne soit pas affecté", a-t-il dit.Ce premier blocus de Katmandou survient un jour après que les insurgés eurent obligé plusieurs grandes sociétés népalaises à suspendre leurs activités. Le mouvement a été provoqué par un attentat à l'explosif, lundi, contre un grand hôtel. L'attentat n'a pas fait de victime, mais il a provoqué la panique des milieux d'affaires.Les maoïstes, dont la guérilla a déjà fait près de 10 000 morts depuis 1996, ont dit dans un communiqué vouloir "imposer un blocus à partir d'aujourd'hui [mercredi] et qui se poursuivra pour une durée indéterminée".Le blocus montre le pouvoir croissant du mouvement maoïste qui s'attaquait rarement à la capitale de ce petit pays pauvre de 23 millions d'habitants. Selon une association de consommateurs, Katmandou dispose de dix semaines de réserves de vivres et carburant.Des tours-opérateurs craignent que le tourisme ne soit affecté par les derniers développements. Les réservations ont déjà baissé depuis que les Etats-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et d'autres pays eurent conseillé au début du mois à leurs ressortissants d'éviter le Népal.Le premier ministre, Sher Bahadur Deuba, a réuni le conseil de sécurité national, des responsables de l'armée et de la police pour évoquer les moyens de mettre fin au blocus.Depuis l'échec de négociations avec le gouvernement il y a un an, les maoïstes ont redoublé leurs opérations dans les provinces et jusqu'à Katmandou et imposé de nombreuses grèves, notamment dans les transports à Katmandou et opéré des blocus dans d'autres points du pays. Cet épisode marque donc une nouvelle étape dans la guerre avec le gouvernement.Les rebelles, qui réclament l'abolition de la monarchie constitutionnelle, ont déjà soumis une série de villes et villages à des blocus et attaqué des véhicules qui circulaient. Ils exigent également la libération d'autres maoïstes emprisonnés ainsi que l'ouverture d'une enquête sur les assassinats présumés d'activistes et des informations sur des milliers d'autres membres de leur mouvement, portés disparus.Les troubles économiques risquent de nuire à l'industrie du tourisme, une des rares ressources de ce petit pays (l'un des dix pays les plus pauvres du monde) et une de ses principales sources de devises.
