Annonce Les projets du directeur de l'IrcamLe ministre de la culture et de la communication, Renaud Donnedieu de Vabres, avait annoncé, le 23 septembre, au festival Musica de Strasbourg, que le Franco-Belge Frank Madlener, 36 ans, allait succéder à Bernard Stiegler à la tête de l'Institut de recherche et de coordination acoustique-musique (Ircam).Cette nomination, validée le 15 novembre par le conseil d'administration du Centre Pompidou, devrait être effective le 1er janvier 2006 ; M. Stiegler doit prendre alors la tête du département du développement culturel au Centre Pompidou.Frank Madlener a dirigé le festival de musique contemporaine Ars Musica de Bruxelles de 1998 à 2002, puis, jusqu'en 2005, il a assuré la programmation du festival Musica de Strasbourg. Musicien de formation, polyglotte (il est né à Bruxelles de parents français et allemand), il s'est illustré par de belles programmations mais aussi par son sens du contact, notamment dans ses présentations de certains concerts.Pierre Boulez, pour qui l'Ircam a été inauguré, en 1978, comme organisme associé au Centre Pompidou, a établi les bases scientifiques et musicales de cette maison longtemps considérée par le public non versé en musique contemporaine comme un laboratoire souterrain et inaccessible.Laurent Bayle, directeur artistique de 1986 à 1992, puis directeur général à la suite du retrait de Boulez en 1992, a ouvert l'établissement au grand public, tandis qu'en 1996 le bâtiment s'est agrandi en surface. Le festival Agora, fondé il y a huit ans et ouvert aux disciplines du spectacle vivant (musique, danse, théâtre), contribue beaucoup à l'effet "portes ouvertes" souvent apprécié."MOINS DE FORMALISME"Quand il est nommé en 2001 à la tête de la Cité de la musique, Laurent Bayle est remplacé à l'Ircam par Bernard Stiegler, intellectuel et philosophe au profil tout à fait différent, très attaché à la dimension scientifique de l'Ircam. Sous son mandat, les directeurs artistiques font long feu : Eric de Visscher est remplacé en juin 2003 par Jean-Michel Lejeune, auquel succède Frank Madlener en avril 2005.A présent avec les pleins pouvoirs, M. Madlener ne nommera pas un nouveau directeur artistique. "J'assumerai le rôle d'un directeur général afin d'aller plus vite et d'avoir moins de formalisme dans les rapports internes, nous a confié M. Madlener, contacté par téléphone, le 16 novembre. L'essentiel est que le compositeur revienne au centre des désirs et des préoccupations. Ce n'est pas une mise en retrait de la dimension scientifique, mais un souci de convergence. Il faut que la science et la technologie puissent tirer des développements de recherche à partir du cas de chaque compositeur. La venue de Georges Aperghis et Hans Peter Kybburz, leur ouverture à des dimensions extra-musicales, ont été très rafraîchissantes. Je souhaite que l'on profite autant que possible de la présence de nouveaux compositeurs à l'Ircam."M. Madlener fixe trois priorités : "Il est indispensable de développer un pôle de recherche sur la scène, l'opéra, de fonder une "compagnie Ircam" de dimension européenne et d'accroître le pôle pédagogique. Par ailleurs, le festival Agora doit se développer : plus d'orchestres, plus d'opéras, plus de rencontres scientifiques et de colloques."Que pense de tout cela Pierre Boulez, le père fondateur de l'Ircam ? "Il est le premier à inciter au renouvellement et à l'audace", répond M. Madlener.Renaud Machart
