Prix Les prix du pétrole s'envolent Le prix du pétrole a atteint de nouveaux records, lundi 4 avril. En raison des craintes des investisseurs sur l'approvisionnement du marché, le baril de brut a franchi le seuil des 58 dollars à New York, avant de se replier légèrement après des propos rassurants de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le pétrole de qualité light sweet crude a clôturé en baisse de 26 cents, à 57,01 dollars. Lors des échanges électroniques précédant l'ouverture de la séance officielle, le baril de brut était monté jusqu'à 58,28 dollars, son nouveau record. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord a fini en baisse de 28 cents, à 56,23 dollars, après avoir inscrit un nouveau record à 57,65 dollars le baril. Depuis le début de l'année, les prix du pétrole ont bondi de 38 % à New York et de 47 % à Londres. Mais, ajustés à l'inflation, ils restent sous les 80 dollars (en dollars d'aujourd'hui) atteints après la révolution iranienne de 1979. Le brut est poussé à la hausse par la robustesse des prix des produits raffinés, tels que l'essence et le gazole, qui a atteint un record historique lundi à Londres, à 542 dollars la tonne. Phil Flynn, analyste d'Alaron Trading, souligne toutefois que les prix se sont "calmés" lundi à la suite de commentaires de l'OPEP : "Quand le brut est passé au-dessus de 58 dollars, l'OPEP a fait des déclarations pour calmer les cours." "Il semble y avoir peu d'obstacles pour arrêter le bond des cours alors que le marché interprète presque toutes les nouvelles d'une manière haussière, dont l'annonce selon laquelle l'OPEP serait en train d'étudier une nouvelle hausse de sa production", indique Kevin Norrish, analyste à la banque Barclays. Le président de l'OPEP, le Koweïtien Ahmad Fahd Al-Sabah, a affirmé lundi que le cartel avait engagé des consultations pour à nouveau relever son plafond de production de 500 000 barils par jour, à 28 millions, d'ici deux semaines. SATURATION DES CAPACITÉS DE RAFFINAGE Toutefois, les analystes jugent que le repli des cours devrait être de courte durée. Phil Flynn souligne que "la demande d'essence et de produits distillés reste très forte malgré le niveau élevé des cours". En outre, le fait que l'OPEP envisage d'augmenter à nouveau sa production "ne rassure pas du tout, renchérit Frédéric Lasserre, analyste à la Société générale, car l'OPEP est en train de tirer ses toutes dernières cartouches". "Même les Saoudiens ne seront plus très loin de leur maximum de production, donc s'il y a le moindre incident, même tout petit, le marché n'aura rien pour y faire face", conclut-il. De plus, l'OPEP produit du brut lourd et à forte teneur en soufre, une qualité très peu prisée par les raffineries, qui recherchent du brut léger, dont la teneur naturelle en essence est beaucoup plus élevée. Le fond du problème reste donc le même : les raffineries ne sont pas en mesure de traiter le brut pourtant disponible en abondance, ce qui oblige à recourir aux stocks d'essence pour satisfaire la demande. "On assiste à une saturation des capacités de raffinage au niveau mondial", souligne M. Lasserre. On est à des taux d'utilisation qui flirtent avec les 90 %, ce qui est vraiment le maximum technique soutenable." Cela explique les récents problèmes techniques survenus dans des raffineries au Venezuela, au pays de Galles et au Texas. "Tant que les inquiétudes sur l'essence ne se seront pas dissipées, il est peu probable de voir les cours du brut retomber", prévient Kevin Norrish.