Annonce Les pressions s'accentuent sur la Serbie pour livrer Ratko Mladic au Tribunal de La Haye Une succession d'événements et de déclarations nourrissent les spéculations, à Belgrade, sur un transfert imminent de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye, qui l'a accusé de "génocide" et de "crimes contre l'humanité" . Le général Mladic est, avec Radovan Karadzic, l'ex-"président" bosno-serbe, l'homme le plus activement réclamé par la justice internationale. Le choc causé dans l'opinion publique serbe par la diffusion, le 1er juin, d'une vidéo montrant l'exécution à bout portant de six jeunes Musulmans bosniaques, près de Srebrenica, en 1995, par des membres de l'unité paramilitaire serbe des "Scorpions", a préparé le terrain. "Le départ de Ratko Mladic ne provoquera pas la guerre", dit, avec un brin d'ironie, un officier, qui affirme que "son départ vers La Haye n'est plus qu'une question de logistique" . Lors d'une visite éclair à Belgrade, la semaine dernière, le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires politiques, Nicholas Burns, a estimé que les jours du fugitif étaient comptés. De retour à Washington, il a adressé un "souhait" en forme d'ultimatum à Belgrade : "Les Etats-Unis souhaitent vraiment que Mladic soit à La Haye au plus vite, avant le 11 juillet" , date du dixième anniversaire de la conquête de Srebrenica par l'armée serbe. "Cela aiderait à clore un chapitre de l'histoire, a ajouté M. Burns : Cela a été le massacre le plus grave en Europe depuis la période nazie." Un ultimatum qui fait écho à la menace de Carla Del Ponte, la procureure du TPIY, de boycotter, en juillet, les cérémonies à la mémoire des 8 000 Musulmans exécutés à Srebrenica si Ratko Mladic n'est pas arrêté d'ici là. NÉGOCIATIONS EN COURS La presse de Belgrade évoque des négociations en cours entre le général et le gouvernement, forçant ce dernier à un démenti énergique. Les autorités maintiennent ne pas avoir localisé Ratko Mladic, continuant de s'aménager ainsi, en cas d'échec, une porte de sortie. Dejan Anastasjevic, journaliste de l'hebdomadaire Vreme, analyse les événements avec plus de circonspection. Il voit dans les déclarations récentes "un moyen de calmer les pressions internationales". Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, lundi 13 juin, Carla Del Ponte a noté "des changements dans l'attitude des autorités serbes" , visibles avec la reddition de quatorze accusés en quelques mois. Mais elle a ajouté que "la politique de redditions volontaires a atteint ses limites". Le premier ministre, Vojislav Kostunica, refuse de procéder à une quelconque arrestation. Pour Dejan Anastasjevic, "la Serbie ne sera véritablement placée au pied du mur que lors de l'ouverture des négociations sur le statut du Kosovo, en septembre" . Depuis la diffusion de la vidéo, début juin, la police arrête les membres des "Scorpions" avec une efficacité largement saluée. Ces paramilitaires auraient été "loués par Ratko Mladic lors de la guerre en Bosnie, mais ne participaient pas à sa protection", affirme-t-on. Son réseau de protection actuel est qualifié de "zone grise", qui mêlerait services de renseignement militaires et civils. Le gouvernement serbe ne cesse de répéter que le fugitif n'est pas protégé par des structures étatiques. "Avant la chute de Slobodan Milosevic -en octobre 2000-, on voyait Ratko Mladic partout ici, aux matchs de football, dans les restaurants. Mais les casernes ne sont pas des lieux pour lui. Il peut y être arrêté à tout moment", estime Zoran Draginic, instructeur dans les unités antiterroristes. Selon des experts, l'armée dispose de propriétés qui ne sont pas nécessairement identifiées, et elle n'est soumise à aucun contrôle démocratique. Les pressions exercées par les Occidentaux sont d'ailleurs aussi clairement motivées par le souhait de voir les structures militaires et les services de renseignement hérités de la Yougoslavie de Tito et de l'ère Milosevic être réformés.