Élection Les premières législatives afghanes ont connu un certain succès, malgré les incidentsPour la première fois depuis 1969, des millions d'Afghans et d'Afghanes ont élu, dimanche 18 septembre, leur Parlement. Les violences attribuées aux talibans ont fait neuf morts, dont un soldat français, mais n'ont pas empêché le déroulement du scrutin. "Ces violences ne sont en général pas liées au processus électoral", a souligné Peter Erben, directeur de la commission électorale afghane, gérée en grande partie par l'ONU, en se félicitant de la bonne tenue du scrutin.Le président afghan, Hamid Karzaï, s'est réjoui de la participation des femmes, malgré un environnement très conservateur dans la plupart des provinces du pays. C'est "un grand pas en avant, un pas en avant très positif", a-t-il indiqué à l'issue de la fermeture officielle des bureaux de vote. "Nous sommes fiers de ce jour, nous sommes fiers de notre peuple, que je félicite", a déclaré le président afghan, élu en octobre 2004 avec 55 % des voix et le soutien des Etats-Unis.50 % DE PARTICIPATIONPrès de 12,5 millions d'Afghans et d'Afghanes de plus de 18 ans étaient appelés à élire parmi 5 770 candidats leurs représentants à une Assemblée nationale (Wolesi Jirga, 249 sièges) et dans 34 conseils provinciaux (420 sièges), pour la première fois depuis 1969. Ouverts à 6 heures (3 h 30 à Paris), les bureaux de vote ont fermé comme prévu à 16 heures (13 h 30 à Paris), même si certains sont restés ouverts pour permettre le vote d'électeurs en attente. Aucune estimation officielle de participation n'était disponible dimanche à la clôture du scrutin, mais l'association Free and Fair Elections Foundation in Afghanistan (FEFA), qui avait déployé dimanche 7 000 observateurs indépendants dans la quasi-totalité des provinces afghanes, l'a estimée "à 50 % ou un peu plus". Une telle participation marquerait une forte baisse par rapport aux 76 % enregistrés lors de l'élection présidentielle d'octobre 2004.Le directeur de la FEFA, Nader Nadery, a estimé que les électeurs avaient été découragés par le trop grand nombre de candidats (près de 5 800 au total) et "le sentiment que les plus puissants avaient bien plus de chances d'être élus que les autres". Il a également fait état de quelques irrégularités. Certains bureaux de vote n'ont pas pu ouvrir pour des raisons de sécurité dans quelques districts (sur près de 400 dans tous le pays) du sud et du sud-est, a indiqué le président de la commission électorale, M. Erben. Nader Nadery a par ailleurs signalé que si les élections s'étaient en général bien déroulées, plusieurs "importantes violations" de la loi électorale ont été observées, même si elles ne sont pas généralisées. Il a notamment fait état d'"intimidations" et de "provocations" à l'encontre de certains électeurs, et du fait que "des hommes ont voté à la place des femmes de leur familles, parfois en remplissant une quinzaine de bulletins de vote en même temps".Dans les principales villes, l'afflux des électeurs a été moins massif que lors de l'élection présidentielle de l'an dernier, où de longues files d'attente s'étaient formées dès le début de la matinée. Le nombre élevé de candidats et la densité de certains bulletins de vote ont semé la confusion chez les électeurs, qui ont eu du mal à trouver leur candidat dans la liste, a-t-on constaté. Les premiers résultats devraient être connus vers le 10 octobre, les résultats définitifs étant prévus le 22 octobre, après l'examen d'éventuelles plaintes. Selon nombre d'observateurs, le Parlement devrait compter beaucoup d'élus liés aux anciens commandants moudjahidines du nord et de l'ouest et aux leaders tribaux du sud et de l'est, plus une minorité d'indépendants et anciens communistes. Un quart des sièges de la Wolesi Jirga et 30 % de ceux des conseils de province étaient réservées aux femmes.UN SOLDAT FRANÇAIS TUÉ Plusieurs incidents, concentrés dans le sud et le sud-est du pays ont eu lieu samedi soir et dimanche. Neuf personnes y ont trouvé la mort, dont quatre talibans présumés, deux policiers afghans et un soldat français, tué samedi soir par l'explosion d'une bombe artisanale dans le sud du pays"C'était entre deux bureaux de vote : sur la route, un engin téléguidé, placé sous le sable, en pleine nuit, a explosé ; la première voiture du convoi a sauté", a déclaré la ministre de la défense française, Michèle Alliot-Marie. C'est le premier soldat français tué en Afghanistan depuis l'arrivée de la communauté internationale dans le pays, fin 2001. Il était l'un des 200 soldats des forces spéciales déployés depuis l'été 2003 par la France aux côtés de soldats américains dans le cadre de l'opération "Enduring Freedom" de lutte contre le terrorisme (nom de code Héraclès, du côté français). Mme Alliot-Mariea estimé, au micro d'Europe 1, que ces premières élections législatives organisées en Afghanistan depuis 1969 étaient une "étape essentielle" pour que les Afghans retrouvent des institutions, leur liberté "une vie normale". Le président américain, George W. Bush, a de son côté"félicité le peuple afghan et le gouvernement afghan pour la réussite des élections parlementaires d'aujourd'hui , qui sont un pas important dans le sens du développement de l'Afghanistan en tant qu'Etat démocratique gouverné par le règne de la loi". "Bravant les attentats meurtriers et les menaces de violence, les Afghans ont voté en grand nombre pour leurs représentants au sein de leur nouvelle Assemblée nationale et de leurs conseils provinciaux", a-t-il poursuivi dans un communiqué. Le premier ministre britannique, Tony Blair, a lui aussi salué le "courage" des candidats.
