Annonce Les policiers britanniques ont interpellé un complice présumé des six hommes arrêtés dimanche à Londres. Quant aux traces de ricine, un poison végétal violent, découvertes lors de leur arrestation, elles suscitent les plus vives craintes – notamment celles d'un attentat.Mis en ligne le 08 janvier 2003 L'affaire commence dimanche dernier. Dans un appartement londonien, la police découvre un mini-laboratoire et des traces de la présence de ricine, un poison mortel. Quant au produit lui-même, il a disparu. Rapidement, six hommes d'origine nord-africaine sont interpellés. Plusieurs jours plus tard, leurs identités n'ont pas été révélées, et ils sont toujours entendus par la section antiterroriste de Scotland Yard. La police britannique a arrêté mercredi un de leurs complices présumés, et indique être à la recherche d'autres suspects, mais sans plus de précision.En l'absence de nouvelles informations, la découverte suscite l'inquiétude outre-Manche. La police ignore où se trouve le produit, dont on craint en Angleterre qu'il puisse être utilisé comme arme bactériologique. Le système de santé britannique a été mis en état d'alerte. Des informations sur la ricine en particulier et la manière de réagir à une attaque de bio-terrorisme en général sont accessibles sur Internet. Le mot d'ordre est à la vigilance: le personnel médical doit être sur le qui-vive face à tout symptôme qui pourrait révéler chez un patient un empoisonnement à la ricine.Difficile de disséminer de la ricine à grande échelleLa surveillance s'avère particulièrement difficile, car la ricine provoque des symptômes très semblables à une banale grippe, comme la fièvre, ou prend la forme de maux de ventre, diarrhées et vomissements. La ricine peut être extraite de l'huile de ricin incomplètement purifiée. Par ingestion, elle provoque des symptômes instestinaux sévères (coliques, diarrhées, vomissements), avec une déshydratation, puis un état de choc et la mort. En cas de pénétration par voie respiratoire, elle développe une toxicité encore plus grande avec constitution d'oedèmes pulmonaires hémorragiques. Un dizième de grammes est suffisant pour tuer un homme de 100 kilos. Il n'existe pas d'antidote, mais si le patient survit environ cinq jours, il est généralement tiré d'affaire.Toutefois, les autorités n'ont pas voulu alarmer la population, soulignant qu'il serait difficile pour des terroristes de disséminer de la ricine à grande échelle. "Même s'il est important que les gens soient au courant, nous ne voyons pas comment (la ricine) pourrait être répandue de façon massive", a expliqué Sue Atkinson, directrice de l'administration de la santé publique pour Londres. Soupçonnée d'avoir été utilisée dans le meurtre mystérieux du dissident bulgare Georgi Markov, en 1978 à Londres (qui aurait été victime d'une pointe de parapluie empoisonnée), la ricine est davantage l'arme de l'assassin que du terroriste de masse. "Comme arme de destruction massive, il faudrait en avoir plusieurs tonnes pour provoquer un grand nombre de victimes. Mais les terroristes n'ont pas besoin de cela, causer la panique leur suffit et une petite quantité serait suffisante", a expliqué Andy Oppenheimer, expert en armes chimiques et biologiques du groupe Jane's spécialisé dans les questions de défense.
