Annonce Les Pays-Bas se mobilisent contre la grippe aviaire, l'Union européenne attendPour lutter contre la menace de grippe aviaire, les Pays-Bas obligent les éleveurs, depuis le lundi 22 août, à enfermer toutes leurs volailles. Cette mesure, prise mardi 16 août, a été la première du genre dans l'Union européenne. Le même jour le ministère français de l'agriculture annonçait qu'il n'envisageait pas de prendre une telle initiative. La Haye semble toutefois espérer que les autorités de Bruxelles imposeront une telle mesure à l'ensemble de l'Union.Pour l'heure, aux Pays-Bas, quelque cinq millions de poulets, canards, oies, dindes, pintades sont désormais cantonnés dans des volières, afin de tenter d'éviter une épizootie aussi dévastatrice que celle qui avait sévi dans le pays en 2003.A l'époque, quelque 25 millions de volailles avaient succombé ou avaient dû être abattues, par mesure de précaution et plusieurs dizaines de contaminations humaines dont une mortelle avaient alors été observées. Les Pays-Bas comptent environ 80 millions de volatiles, dont la majorité est élevée en batteries. Un tiers de ces animaux passait toutefois une partie de la journée à l'air libre.La mesure entrée en vigueur lundi devrait être prolongée jusqu'au début de 2006, selon le ministère néerlandais de l'agriculture. Elle est censée préserver les animaux de tout contact avec les oiseaux migrateurs venus de Russie et potentiellement porteurs du nouveau virus de la grippe aviaire de type H5N1.La décision du ministre de l'agriculture, Cees Veerman, a été applaudie par le syndicat néerlandais des éleveurs de volailles. Ses responsables pensent que leur secteur ne survivrait pas à une nouvelle crise.Les éleveurs tentent désormais de faire pression sur le ministre pour qu'il obtienne une extension de la mesure à l'ensemble de l'Union européenne. Les responsables demandent également que les produits de l'agriculture biologique néerlandaise ne soient pas pénalisés et puissent continuer à bénéficier du label requis, malgré le fait que les volailles ne courent plus à l'air libre. Biologica, l'association des éleveurs de produits "bio", juge toutefois "disproportionnée" la mesure adoptée par M. Veerman. Selon elle, les risques de contamination par des oiseaux migrateurs sont très faibles et les poules et poulets vivant à l'air libre sont contrôlés tous les trimestres.MUTATION POSSIBLE DU VIRUSPour sa part, l'Union européenne a décidé d'attendre. Son comité vétérinaire, qui rassemble les responsables des services vétérinaires des vingt-cinq Etats membres, se réunira jeudi 25 août pour entendre les explications des autorités néerlandaises et débattre de la situation. Cette réunion sera une réunion d'information, a précisé Philip Tod, porte-parole du commissaire à la santé et à la protection des consommateurs, le Chypriote Markos Kyprianou.Selon M. Tod, les mesures mises en place au cours des dernières semaines, en particulier l'interdiction d'importer des oiseaux vivants et des plumes en provenance de Russie et du Kazakhstan, qui s'est ajoutée à l'interdiction d'importer des volailles de neuf pays d'Asie, sont suffisantes pour le moment. "On suit la situation de près, mais on n'est pas alarmistes" , a-t-il ajouté, en jugeant "faible" le risque de pandémie en Europe.M. Tod a démenti l'information en provenance de Moscou selon laquelle le virus aurait atteint la République de Kalmoukie, à l'ouest de l'Oural. Il a souligné que tous les Etats membres n'étaient pas d'accord avec la décision d'enfermement de la volaille prise par le gouvernement néerlandais.La Commission a adopté il y a quatre mois une proposition de directive qui vise à compléter le dispositif de lutte contre les épizooties de grippe aviaire. Ce texte, dont la Commission souhaite l'entrée en vigueur le 1er janvier 2007, n'a encore été examiné ni par le conseil des ministres ni par le Parlement. Il souligne notamment la préoccupation croissante des experts face aux risques que peut faire courir à la santé humaine l'éventuelle mutation d'une souche de grippe aviaire en un virus transmissible entre les humains.L'expérience a montré, indique la Commission, que les souches faiblement pathogènes ne causent pas de maladies graves, raison pour laquelle la législation européenne ne prévoit pas de dispositions spécifiques pour les combattre. Or, selon le commissaire Kyprianou, "il existe une crainte réelle qu'une souche mutante de grippe aviaire puisse déclencher une épidémie de grippe humaine". La future directive exigera des Etats qu'ils introduisent de nouvelles mesures de surveillance et de contrôle des virus faiblement pathogènes afin de prévenir toute mutation des virus.
