Condamnation Les parents de Kerywan condamnés à 5 ans de prison, dont 8 mois ferme Les époux Boucher-Durand, reconnus coupables de la mort par malnutrition et absence de soins de leurs fils Kerywan, âgé de 16 mois, ont été condamnés, vendredi 3 juin, par la cour d'assises du Finistère à cinq ans de prison, dont 8 mois ferme couvrant la détention provisoire. Les époux, qui ont accueilli le verdict avec "soulagement", sont également soumis à une obligation de soins dans le cadre d'une période de mise à l'épreuve de trois ans. La cour d'assises présidée par Jean-Luc Buckel a également prononcé une peine de 3 000 euros d'amende pour non-assistance à personne en danger à l'encontre des trois médecins qui avaient examiné l'enfant. La cour a ainsi suivi les réquisitions de l'avocat général Catherine Sery-Baudry, qui avait recommandé aux jurés de prononcer une peine restant "dans un cadre pédagogique", incluant une mise à l'épreuve avec obligation de soins pour continuer à "garder un œil" sur le couple. "Je crois à leur dangerosité. Il n'ont pas du tout conscience de ce qui s'est passé", avait-elle regretté. Avant la délibération, qui a duré trois heures, les accusés ont exprimé des regrets. "Si seulement j'avais pu comprendre que Kerywan était en danger et que sa santé physique nécessitait une réaction immédiate, je n'aurais vraiment pas réagi comme ça", a dit Pascale Durand, affirmant que depuis le drame, le couple avait "complètement changé de vie". "Nous avons rompu tout lien avec la kinésiologie, je sais combien je peux interpréter les choses de façon aberrante", a ajouté Mme Boucher-Durand, actuellement en doctorat de sciences de l'éducation. "UN FILET DE SÉCURITÉ" QUOTIDIEN AUTOUR DU COUPLE Même regret de la part de son époux Ronan, ex-ingénieur, puis enseignant en kinésiologie jusqu'au jour des faits et aujourd'hui enseignant vacataire en mathématiques. Il a assuré avoir "changé de métier et d'alimentation" dès leur sortie de prison début août 2001, et d'avoir effectué "un remaniement complet" de leur vie. De plus, selon l'épouse, le couple est désormais entouré dans sa vie quotidienne par un "filet de sécurité", des éducateurs pour les enfants, des médecins, des travailleurs sociaux. "Nous cherchons à nous entourer pour qu'il n'y ait plus jamais une situation de ce genre", a-t-elle assuré. Les époux Boucher-Durand, déjà parents de trois filles âgées de 8 à 14 ans, étaient accusés d'être responsables de la mort à 16 mois, par malnutrition, de leur dernier enfant Kerywan, qui avait été nourri exclusivement au lait maternel alors que sa mère suivait un régime quasi végétarien, selon l'instruction. La justice reprochait également au couple, qui avait fondé à Moëlan-sur-Mer un établissement de kinésiologie, pratique psycho-corporelle importée des Etats-Unis dans les années 1960, de ne pas avoir fait hospitaliser l'enfant, qui aurait pu être sauvé jusqu'au dernier moment, selon plusieurs experts. Les défenseurs du couple avaient suggéré l'acquittement de leurs clients, au nom du doute qui doit toujours profiter à l'accusé, a rappelé Me Vincent Omez. Celui-ci a notamment regretté le manque d'investigations complémentaires lors de l'autopsie, qui, faute d'examens complémentaires, "n'a pas permis de déterminer les causes exactes de la mort de l'enfant", n'écartant pas "la possibilité d'une maladie génétique ou métabolique".