annonce Les paradoxes de la conservation numérique A priori, le numérique passe pour la solution idéale de conservation des oeuvres et manuscrits. Mais si le contenu devient reproductible à l'infini, les supports sont menacés d'obsolescence. L'avènement du numérique est venu bouleverser la notion même de conservation. Alors qu'avec l'analogique chaque copie de document impliquait une perte de qualité, rien de tel avec le numérique. Il n'existe en revanche pour le numérique aucune garantie de conservation à long terme, sauf à se donner les moyens de transférer les données dès l'obsolescence des appareils de lecture, des logiciels, ou des supports.A la sortie des CD on leur avait prédit 40 ans de vie, or on a déjà les DVD... On peut toujours déchiffrer un manuscrit daté d'un millier d'années, alors qu'on ne peut plus lire un floppy qui aurait plus de 10 ans...Traditionnellement, le meilleur moyen de préserver un livre ou un document rare était de le manipuler le moins possible. Avec le numérique, c'est l'inverse : l'utilisation et l'accès régulier peuvent seules garantir que les données sont préservées."On ne peut conserver le numérique qu'en le copiant régulièrement", ce qui d'ailleurs débouche sur la question de l'original, selon Bertrand Lavedrine, directeur du Centre de recherches sur la conservation des documents graphiques : "Avec le numérique, il n'y a plus de document original, l'équivalent du négatif pour la photo argentique. Il y a des fichiers. On est dans l'immatériel sauf qu'on peut sauvegarder grâce à plusieurs endroits de stockage", explique le chercheur. Ce qui ne doit pas conduire à oublier l'importance de l'original qui, en tant que tel, mérite aussi d'être conservé. On ne va pas négliger les manuscrits de Stendhal quand bien même son oeuvre est numérisée... Tout le monde conçoit qu'une image numérique de la Joconde, aussi belle soit-elle, ne remplacera jamais le tableau original, mais on est moins enclin à reconnaître l'importance de l'original en photographie."Or une photo du XIXème est au départ une oeuvre matérielle unique, avec une consistance particulière, sans rapport avec les reproductions qu'on peut en voir sur un ordinateur", souligne le chercheur.
