Liberation Les otages français en Irak ont été libérés Le président Jacques Chirac, en vacances au Maroc, a décidé de rentrer dans la soirée de mardi à Paris pour accueillir les deux journalistes français libérés en Irak qui pourraient regagner la France mercredi en fin de journée en compagnie du chef de la diplomatie Michel Barnier. La sœur de Christian Chesnot affirme n'avoir aucune information sur les conditions de leur libération. L'avion de l'armée de l'air chargé de rapatrier les deux ex-otages français en Irak a décollé, mercredi 22 décembre, de la base de Villacoublay (Yvelines) à 9 heures pour regagner le même base "dix heures plus tard". Le Falcon 900 a décollé avec à son bord Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, quelques proches des deux journalistes et un médecin. LA PISTE DE LA RANÇONAnne-Marie Chesnot, la sœur du journaliste Christian Chesnot, a affirmé mercredi sur la BBC ne pas avoir d'informations sur une éventuelle rançon payée par le gouvernement français pour obtenir la libération des deux otages français en Irak : "Nous ne savons pas s'il y a un quelconque accord au sujet des négociations. Nous n'avons pas d'informations et nous ne savons vraiment pas ce que le gouvernement français a négocié", a-t-elle affirmé. "Je suis très heureuse et toute ma famille est très heureuse de savoir que Christian et Georges sont maintenant hors de danger. Et nous sommes tous heureux de les voir cet après-midi à Paris", a-t-elle ajouté.Libérés mardi 21 décembre, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, les deux journalistes français détenus depuis plus de quatre mois en Irak, ont passé la nuit à Bagdad.C'est la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira qui, la première, a annoncé la nouvelle, citant l'Armée islamique en Irak, qui avait revendiqué l'enlèvement des deux journalistes, le 20 août, sur une route au sud de Bagdad."Ils ont été libérés, ils ont été remis aux autorités françaises, ils seront de retour dans la journée de mercredi", a annoncé peu après le porte-parole du ministère des affaires étrangères français, Hervé Ladsous.ROCAMBOLESQUES TENTATIVES D'INTERVENTION Le président français, Jacques Chirac, tout juste arrivé en vacances au Maroc, a exprimé sa "joie" et a annoncé son retour immédiat à Paris."C'est un magnifique cadeau de Noël", a déclaré le frère de Christian Chesnot, Thierry Chesnot. La mère de l'ex-otage Malbrunot a réagi avec les mêmes mots : "Le plus beau cadeau de Noël."La présidence de la République a démenti les propos de Thierry Chesnot, selon lequel les otages seraient déjà à Amman, précisant qu'ils se trouvaient encore à Bagdad mardi.Cette libération, qui intervient au 124e jour de leur captivité, met fin à un épisode marqué par de rocambolesques tentatives d'intervention par des intermédiaires non officiels, et une tournée du chef de la diplomatie française, Michel Barnier, dans des pays arabes.M. Chirac "s'exprimera demain matin [mercredi] dès que l'avion qui ramène Christian Chesnot et Georges Malbrunot aura quitté Bagdad", a précisé l'Elysée. M. Barnier devait partir "dans la nuit" de mardi à mercredi chercher les deux ex-otages français, à la demande du chef du gouvernement. Il a exprimé, devant les sénateurs, sa "gratitude" aux agents de l'Etat qui ont contribué à leur libération.Le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a exprimé sa "joie profonde", précisant que cette libération était le fruit d'une démarche "constante, difficile, discrète", tandis que l'Assemblée nationale a interrompu ses travaux pendant cinq minutes à l'annonce de la nouvelle, chaudement applaudie.LES RAISONS DE LA LIBÉRATION Dans un communiqué transmis par Al-Jazira, l'Armée islamique en Irak met en avant plusieurs raisons à cette libération : "La preuve a été faite qu'ils n'espionnaient pas pour le compte des forces américaines." De plus, ajoute le groupe, leur libération répond "à des appels et des exigences d'institutions et d'organisations musulmanes et en appréciation de l'attitude du gouvernement français sur la question irakienne, et de celle des deux journalistes sur la cause palestinienne".M. Barnier avait rencontré plusieurs responsables musulmans, dont des islamistes, notamment au Caire, pour leur demander d'intercéder auprès des ravisseurs. Une délégation de musulmans de France s'était quant à elle rendue à Bagdad, dans le même but.Christian Chesnot, qui travaille pour Radio France internationale (RFI), et Georges Malbrunot, journaliste au quotidien Le Figaro, avaient été enlevés avec leur guide syrien, alors qu'ils se rendaient à Nadjaf, à 160 km au sud de Bagdad, pour couvrir la rébellion du chef radical chiite Moqtada Sadr.Leur accompagnateur syrien, Mohamed Al-Joundi, avait, lui, été rélâché. Retrouvé par l'armée américaine le 12 novembre à Fallouja, à l'ouest de Bagdad, il a fait état de mauvais traitements par les soldats américains.Un député de la majorité présientielle, Didier Julia, avait tenté une mission parallèle pour faire libérer les deux journalistes, se rendant notamment en Syrie. Cette démarche avait été condamnée par les autorités françaises, qui l'ont jugée de nature à retarder l'issue.Si leur lieu de détention n'a jamais été connu avec précision, beaucoup d'indices portent à croire que les otages se trouvaient retenus à Latifiya, à 40 km au sud de Bagdad, au cœur de ce qui est devenu au fil des mois "le triangle de la mort" en raison des durs combats qui y opposent l'armée américaine et les groupes de la résistance sunnite.
