Vote Les Népalais appelés aux urnes dans un climat de violencesEnviron 1,9 million d'électeurs ont commencé à choisir, mercredi 8 février, à partir de 8 heures du matin (3 h 15 à Paris) leur maire. Le scrutin de mercredi porte sur environ 600 sièges dans les conseils municipaux, alors que le pays en compte plus de 4 000. Pour plus de 2 200 sièges, le scrutin a été reporté ou annulé parce que les candidats ne souhaitaient pas braver le boycott imposé par les rebelles maoïstes. Deux candidats ont été assassinés depuis le 22 janvier et les élections n'auront lieu que dans 36 municipalités, au lieu des 58 initialement prévues, faute de prétendants.Le boycott des opposants et l'appel à la grève générale lancé par la rébellion maoïste font craindre une abstention importante. L'appel des maoïstes a entraîné la fermeture de la plupart des commerces et bureaux, et paralysé les transports publics du pays. La population vit dans la crainte des rebelles. "Les gens sont terrifiés et la participation sera très faible", prédit Subodh Pyakurel, président du Centre de services du secteur informel (INSEC), une organisation des droits de l'homme.Ainsi, mercredi matin, une quinzaine d'électeurs seulement faisaient la queue au bureau de vote de la place Durbar, dans le centre de la capitale, Katmandou, a constaté un journaliste de l'AFP. "Je suis venue parce que c'est bon pour la démocratie", expliquait Mme Makahan Gallaa, une commerçante de 45 ans.Un scrutateur du même bureau disait espérer, sous couvert d'anonymat, que la population remplirait plutôt son devoir dans l'après-midi. "Nous espérons que tout se passera comme prévu", lançait prudemment le porte-parole de la commission électorale, tandis que la presse affirmait que les forces de sécurité avaient reçu l'ordre de tirer sur toute personne qui perturberait le scrutin.Des milliers de policiers ont été déployés dans la capitale et l'ensemble des véhicules interdits, mis à part les ambulances et ceux du gouvernement. "Je demande à tous les électeurs d'exercer leurs droits sans crainte", a lancé le ministre de l'intérieur, Kamal Thapa.Le scrutin a été convoqué par le roi qui l'a qualifié de premier pas vers le rétablissement de la démocratie. Le monarque a pris les pleins pouvoirs le 1er février 2005 mais promis des élections législatives en 2007.MULTIPLICATIONS DES ACTIONS DE LA RÉBELLIONLa campagne pour les municipales a été marquée par un redoublement des offensives des rebelles, qui contrôlent déjà une bonne partie du royaume et qui comptent bien se servir d'un éventuel fiasco électoral pour asseoir leur influence.Mercredi, l'armée a encore annoncé la mort de cinq maoïstes, tués dans quatre affrontements séparés en début de semaine. Ces morts s'ajoutent aux huit personnes tuées, sept des forces de sécurité et un rebelle, annoncées mardi. Depuis début janvier et la fin de la trêve unilatérale de quatre mois que les maoïstes avaient décrétée, près de 140 personnes ont été tuées. La "guerre de peuple", par laquelle les maoïstes entendent abolir la monarchie, a fait plus de 12 500 morts depuis 1996.Seul point "positif" dans ce contexte, mercredi, dans un entretien au journal indien The Hindu, le chef des maoïstes, surnommé Prachanda ("Le Féroce"), a lancé un appel au dialogue au roi. "Asseyons-nous autour d'une table, puis, si [le roi] évoque des élections libres et honnêtes en vue de la formation d'une assemblée constituante, alors nous serons prêts à y prendre part", déclare Prachanda. Le rebelle a assuré que les maoïstes seraient disposés à accepter une démocratie multipartite, une République, voire même le maintien de la monarchie "si la population le choisit ainsi". Mais il n'a pas non plus encouragé le scrutin. A la veille des municipales, le chef maoïste a lancé un dernier appel au boycott des élections. "Nous lançons un appel définitif s'adressant spécialement au peuple, pour qu'il boycotte les élections", a-t-il déclaré dans un communiqué.Les bureaux de vote doivent être clos à 17 heures (12 h 15 à Paris). La commission électorale n'est pas en mesure de donner une date pour la publication des résultats.
