Annonce Les législatives d'Egypte se terminent dans la violenceLe nombreux incidents ont marqué la troisième et dernière phase des élections législatives en Egypte, qui s'est soldée par au moins six morts, selon un nouveau bilan de différentes sources médicales, mercredi 7 décembre. Deux Egyptiens ont été tués par balles à Zagazig, deux également par balles à Damiette, et deux, l'un par balle et l'autre d'un arrêt cardiaque, dans le gouvernorat de Charkiya, également dans le nord de l'Egypte. Tous ces décès, qui sont survenus lors de graves incidents liés aux élections, ont été annoncés ou confirmés de sources médicales dans ces localités.D'autres informations émanant des Frères musulmans, mais non confirmées, font état de deux autres morts, à Dakhahiya, une autre localité du delta du Nil, une région très tendue où l'influence islamiste est forte. Avec les six morts confirmés mercredi, le bilan total est de neuf morts depuis le début du long mois des législatives, le 9 novembre, deux mois après l'élection présidentielle remportée par Hosni Moubarak, 77 ans, au pouvoir depuis un quart de siècle."LA POLICE A TIRÉ"Les Frères musulmans ont accusé mercredi le pouvoir égyptien de restreindre violemment l'accès aux bureaux de vote. Selon leur porte-parole, Badr Mohamed Badr, le gouvernement a ainsi tenté d'empêcher la confrérie de confirmer sa percée au Parlement. L'organisation affirme également avoir eu près de 1 400 arrestations dans ses rangs depuis le début du processus électoral.La police a tiré des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc devant plusieurs bureaux de vote. Nombreux sont les témoins qui racontent la violence des policiers. Ainsi, l'un d'eux relate, la tête en sang : "Nous attendions de voter depuis 7 heures du matin. Ils ne nous ont pas laissés voter. Les gens se sont mis en colère et ont commencé à jeter des cailloux. La police a tiré." Durant les deux précédents tours de scrutin, trois personnes avaient été tuées.A Zagazig, une ville du delta du Nil, la police a empêché 200 femmes voilées, probables électrices des Frères musulmans, de s'approcher d'un bureau de vote. Limitation de l'accès aux bureaux de vote, achats de voix, bourrages d'urnes : différentes organisations de défense des droits de l'homme ont accusé le pouvoir en place de fraudes massives durant ce mois d'élections. Ainsi, l'organisation égyptienne des droits de l'homme (EOHR) a affirmé que 355 centres électoraux ont été fermés pendant les forces de sécurité dans cinq des huits gouvernorats où devaient être attribués 121 sièges de députés. De son côté, le régime impute les incidents aux Frères musulmans. Des dizaines d'électeurs pro-islamistes auraient en effet lapidé une cinquantaine de policiers à Al-Aziza, dans le delta du Nil. Les Etats-Unis ont critiqué l'attitude du régime, pourtant l'un de leurs plus fidèles alliés dans la région. Ils ont exprimé leurs sérieuses préoccupations sur la façon dont ont été menées ces élections, soulignant que ce scrutin envoyait un "mauvais signal" quant à l'engagement démocratique du Caire.LA POUSSÉE DES FRÈRES MUSULMANSLors de ce troisième tour, 217 sièges restaient à attribuer. Le Parti national démocrate (PND) du président Hosni Moubarak est quasiment assuré de conserver une majorité de deux tiers des sièges au Parlement, majorité nécessaire pour verrouiller l'Assemblée. Les Frères musulmans ont cependant créé la surprise dès la première phase du scrutin en l'emportant dans plusieurs circonscriptions. La confrérie, officiellement interdite, mais tolérée dans les faits, a présenté des candidats indépendants. L'organisation islamiste est en passe de devenir la deuxième force politique du pays. Elle est déjà assurée de disposer de 76 députés sur les 454 que compte l'Assemblée, soit cinq fois plus que la chambre sortante. Les Frères musulmans, derrière leur slogan "l'islam est la solution", visent le seuil symbolique des 100 députés. Jamais, depuis sa création, en 1928, la confrérie n'aura eu une telle force parlementaire.Quoi qu'il arrive, les grands perdants du scrutin devraient être les partis laïcs d'opposition, qui n'obtiendront probablement qu'une poignée de sièges. Sur 36 millions d'électeurs, seuls 25 % se sont rendus aux urnes.
