Élection Les législatives allemandes dessinent un Bundestag sans majorité claireQui va désormais gouverner l'Allemagne ? A l'issue des élections législatives anticipées de dimanche 18 septembre, la chrétienne-démocrate Angela Merkel, de peu en tête, et le chancelier social-démocrate sortant, Gerhard Schröder, ont chacun revendiqué la direction du gouvernement, mais aucun des deux camps ne dispose d'une majorité absolue des sièges au Bundestag. Dimanche soir, à Berlin, la confusion était totale : le scrutin, qui devait ouvrir la voie à "un nouveau départ", selon Angela Merkel, a donné un résultat à contre-pied des sondages, avec un net recul de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), qui n'obtient selon les résultats provisoires que 35,2 % des voix. Comme le Parti social-démocrate (SPD), crédité de 34,3 %, elle enregistre l'un de ses plus mauvais scores de l'après-guerre. La candidate conservatrice à la chancellerie a aussitôt déclaré qu'"elle allait engager des pourparlers avec tous les partis allemands, sauf le Parti de gauche", n'excluant pas ainsi l'hypothèse d'une grande coalition avec les sociaux-démocrates. "Je souhaite parler avec tous les partis à l'exception du Parti de gauche", a précisé Angela Merkel à la chaîne publique ZDF. "Nous pouvons garder la tête haute et dire : nous sommes la force politique la plus importante dans ce pays", a-t-elle ajouté, estimant que"le gouvernement rouge-vert a été désavoué en Allemagne".Une déclaration qui ne peut masquer son échec à constituer un gouvernement avec ses alliés libéraux du FDP. Dans un communiqué, Mme Merkel a reconnu que les estimations du début de soirée empêchaient les chrétiens-démocrates de former une coalition majoritaire "noire-jaune" avec les libéraux, comme ils l'espéraient. "La CDU-CSU et le FDP n'ont sans doute pas gagné assez largement, a déclaré la candidate conservatrice. En toute honnêteté, nous nous attendions à un meilleur résultat." Quand Gerhard Schröder prend enfin la parole, c'est pour saluer la"défaite grandiose" de l'opposition conservatrice. Dans un coup de théâtre, le chancelier sortant affirme qu'il veut rester à la tête d'un "gouvernement stable", récusant l'idée d'une victoire d'Angela Merkel. "J'ai le sentiment de disposer du mandat pour garantir qu'il y aura dans notre pays au cours des quatre prochaines années un gouvernement stable sous mon autorité", a déclaré le chef de file des sociaux-démocrates. Ce résultat est "une défaite personnelle pour Angela Merkel", a renchéri le président du SPD, Franz Müntefering. Le chancelier a alors annoncé la même intention que sa rivale : pour former un gouvernement, il compte mener des pourparlers à partir de lundi avec tous les partis politiques allemands à l'exception du Parti de gauche, alliance de dissidents du SPD et des néocommunistes.M. SCHRÖDER EN POSITION DE FORCEDans la mesure où les sociaux-démocrates et leurs alliés Verts rejettent tout accord avec la gauche radicale, ce qu'a d'emblée rappelé, dimanche soir, M. Müntefering, le seul espoir de Gerhard Schröder réside dans un accord très hypothétique avec les libéraux du FDP. Or leurs dirigeants, le président du parti, Guido Westerwelle, en tête, se sont liés depuis longtemps à Angela Merkel et à la CDU. M. Westerwelle a ainsi catégoriquement exclu une alliance "vert-jaune-rouge" avec le SPD et les Verts. Un tel attelage dispose théoriquement d'une majorité au Bundestag mais se heurte à d'importantes divergences en matière économique. Reste la perspective d'une "grande coalition" entre la CDU et le SPD, sous la direction d'Angela Merkel. Roland Koch, ministre-président conservateur du Land de Hesse, a dit sur la ZDF que "personne ne devait exclure cette hypothèse".Mais Gerhard Schröder a exclu, dimanche, de soutenir, avec son parti social-démocrate (SPD), une éventuelle nomination d'Angela Merkel au poste de chancelier d'Allemagne. "Il n'y aura pas de coalition avec les sociaux démocrates sous sa direction", a déclaré le chancelier allemand sur l'antenne de la chaîne de télévision ARD, avant d'ajouter qu'il pensait pouvoir conduire, lui, une "grande coalition".En tout cas, la formation d'un gouvernement – grande coalition CDU-SPD, ou nouvelle coalition SPD-Verts avec peut-être l'aile gauche du FDP – va donner lieu dans les prochains jours à de longues et délicates tractations entre tous les partis, à l'exception de la gauche radicale, qui n'a pourtant pas complètement fermé la porte, dimanche soir.
