Annonce Les habitants de La Nouvelle-Orléans ont été évacués à l'approche de l'ouragan Katrina Les côtes de Louisiane ont commencé à être balayées par des vents annonciateurs de l'ouragan Katrina, dimanche 28 août, et un million d'habitants de la région de La Nouvelle-Orléans ont été évacués. Le centre de l'ouragan, accompagné de vents soufflant à 266 km/h, devrait atteindre les côtes lundi au lever du soleil. La vigueur de l'ouragan a très légèrement baissé par rapport à dimanche matin, lorsque des vents de 282 km/h ont été enregistrés, mais il reste classé en catégorie 5, la plus dangereuse de l'échelle de Saffir-Simpson. Le maire de la ville, Ray Nagin, a prévenu que des vagues pouvant atteindre jusqu'à 8,5 m risquaient de submerger les digues et d'inonder le Vieux Carré, le quartier français. Sur les quelque 1,3 million d'habitants de la région, un million environ ont été évacués. Les personnes qui ne pouvaient pas partir ont été invitées à gagner l'un des abris de la ville, parmi lesquels le Superdome de Louisiane, le stade de l'équipe de football américain des New Orleans Saints. 25 000 PERSONNES DANS UN STADE Invité de l'émission "Larry King Live" de CNN, M. Nagin a déclaré que 25 000 personnes, dimanche soir, étaient déjà réfugiées dans le stade, d'une capacité de 72 000 sièges. Plusieurs routes ont été mises en sens unique pour faciliter l'exode, et les Louisianais faisaient la queue dans les stations d'essence et les épiceries pour acheter de l'eau et d'autres denrées. Katrina, qui avait déjà fait sept morts jeudi lors de son passage en Floride, se trouvait à 5 heures (heure française) à 170 km au sud de l'embouchure du Mississippi. Il se dirigeait vers le nord-nord-ouest à la vitesse de 16 km/h. Le continent était déjà balayé par des vents de 170 km/h, de la force d'une tempête tropicale. Le cours à terme du pétrole américain a bondi de 5 cents, à 69,86 dollars le baril, après avoir brièvement atteint le cours record de 70,80 dollars. L'essence sans plomb a augmenté de 22 cents, à un prix record de 2,15 dollars le gallon (un gallon égale 3,79 litres). Un porte-parole du département de l'énergie a déclaré qu'il reviendrait au gouvernement fédéral de prêter, si nécessaire, aux raffineries, du brut prélevé sur les 700 millions de barils de la réserve stratégique de pétrole. Par mesure de précaution, la centrale nucléaire de Waterford, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de La Nouvelle-Orléans, a été fermée. La pression centrale de Katrina – mesure de son intensité – était de 902 millibars. L'ouragan, qui avait fait quelque 600 morts en Floride en 1935, avait une pression centrale de 892 millibars lorsqu'il avait touché les côtes. "Plus basse est la pression, plus forts sont les vents, et c'est exactement ce qui se passe avec Katrina", a expliqué Max Mayfield, directeur du Centre national des ouragans. Toute la côte du golfe du Mexique risque d'être balayée par des vents destructeurs, de la frontière entre la Floride et l'Alabama jusqu'en Louisiane, en passant par le Mississippi. UN QUART DE LA PRODUCTION PÉTROLIÈRE ET GAZIÈRE La trajectoire de l'ouragan menace les plates-formes pétrolières et gazières du golfe du Mexique, qui fournissent un quart de la production américaine, ce qui a provoqué une hausse du prix du baril. Les plates-formes ont été évacuées et les casinos le long de la côte du Mississippi ont été fermés. L'ouragan menace aussi le port desservant La Nouvelle-Orléans, l'un des plus actifs du monde, et il pourrait causer des milliards de dollars de dégâts aux infrastructures touristiques de la ville. Une partie des touristes en villégiature sur la côte du golfe du Mexique éprouvaient des difficultés à quitter la région car il ne restait pratiquement plus de voitures de location disponibles. Les autorités ont fait savoir que, si nécessaire, elles réquisitionneraient des véhicules et des bâtiments privés. "Tout ce que l'on peut faire maintenant est d'entasser autant que l'on peut dans la voiture, placer le reste de ses biens le plus haut possible dans la maison et déguerpir d'ici", résumait Cathe Jackson, de Biloxi, une localité de la côte du Mississippi. Le président américain, George Bush, a déclaré l'état d'urgence en Louisiane, dans le Mississippi et en Alabama, et l'état de catastrophe en Floride, des dispositions permettant l'octroi d'aide fédérale. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les gens et les communautés affectées par cette tempête. Nous ne saurions assez souligner le danger que cet ouragan pose aux communautés de la côte du golfe du Mexique", a déclaré le président, en vacances dans son ranch texan de Crawford.  Le dernier ouragan de catégorie 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson à avoir balayé cette région était Camille, en 1969. Cet ouragan avait fait plus de 400 morts. Plus loin, en Floride, un autre ouragan de catégorie 5, Andrew, avait sévi en 1992. Il avait détruit la ville de Homestead, au sud de Miami, ce qui demeure la catastrophe naturelle la plus coûteuse à ce jour aux Etats-Unis.