Cérémonie Les funérailles de la colère à GazaVive émotion, samedi, à l'enterrement des cinq membres d'une même famille tués par un obus israélien.Des milliers de personnes, bouleversées, ont participé ce week-end aux funérailles des cinq membres de la famille Ghaliyah fauchés par un obus, vendredi, alors qu'ils pique-niquaient sur une plage de Gaza. En tête du cortège, une fillette de 12 ans, Houda, soutenue par ses tantes. Les pleurs de cette orpheline qui a perdu père, mère, frères et soeurs dans le drame ont ému aux larmes tous les Palestiniens qui voient en elle un symbole de leur situation. Ereintés par trois mois de sanctions économiques occidentales, lassés des frictions entre miliciens favorables au gouvernement et officiers de la Sécurité préventive restés fidèles à leurs anciens chefs, les habitants de Gaza sont aussi fatigués par les tirs de l'armée israélienne, qui riposte aux roquettes artisanales que lâchent les groupes armés sur les villes d'Israël. Sept civils ont perdu la vie dans la sanglante bavure de la plage de Soudaniya et 35 autres ont été blessés, dont 12 enfants. La forte émotion suscitée par cette tuerie n'a pas échappé aux principaux acteurs de la scène politique palestinienne.Embarras. Mahmoud Abbas se trouve particulièrement en porte-à-faux, qui a convoqué samedi, pour le 26 juillet, le référendum par lequel il entend se voir confier par les électeurs le droit de reprendre les négociations avec Israël. Le Président a annoncé, dimanche, son souhait d'adopter la petite Houda, après avoir dénoncé «les massacres israéliens contre notre peuple». Le gouvernement Hamas n'en est pas moins dans l'embarras, malgré une intervention rapide du Premier ministre Ismaïl Haniyeh auprès des victimes et des mots tout aussi fermes contre Israël. Des milliers de manifestants ulcérés par l'impuissance de l'Autorité palestinienne ont réclamé, ce week-end, que les miliciens des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement religieux, «vengent la mort de nos martyrs». Or, si le Hamas résiste plutôt bien aux pressions extérieures, les islamistes se montrent très sensibles aux aléas de l'opinion palestinienne. Son organisation clandestine a donc tiré six roquettes sur Israël dès vendredi soir et menace de rompre la trêve qu'elle respectait depuis dix-sept mois. D'autant qu'une reprise des hostilités contre l'ennemi commun pourrait calmer les tensions qui opposent islamistes et nationalistes depuis la défaite de ces derniers aux législatives du 25 janvier.L'armée israélienne a immédiatement riposté à cette reprise des hostilités par le Hamas, tuant trois membres des brigades Ezzedine al-Qassam, hier, qui venaient de tirer des roquettes sur Israël. Sur la radio publique, dimanche, Tzahi Hanegbi, président de la Commission des affaires étrangères de la Knesset, a mis en garde Haniyeh, assurant que «si Israël apprenait que des responsables du Hamas ont donné leur feu vert à des attentats, ils ne jouiraient d'aucune immunité et pourraient tous devenir une cible». Reste que les dirigeants israéliens doivent aussi répondre à de vives interpellations de la presse et des organisations humanitaires, qui s'interrogent sur la pertinence de la stratégie de bombardement en zones urbaines. Plusieurs éditorialistes dénonçaient hier une bavure annoncée, estimant que la théorie d'un obus ayant dévié de sa trajectoire ne suffisait pas à dégager les autorités de leur responsabilité dans le choix d'une politique de représailles dangereuse pour la population palestinienne.Désobéissance. L'état-major de Tsahal a décidé, le 24 septembre 2005, deux semaines après son retrait de Gaza, que le déploiement d'une batterie d'artillerie permettrait de dissuader les tirs de roquettes sur Israël. Le 13 novembre, ses servants sont autorisés à élargir leur champ de riposte à 100 m des habitations. Le 10 avril, une fillette de 8 ans est tuée dans sa maison de Beit Layha quand sept membres de sa famille sont blessés, dont trois enfants en bas âge. Un collectif d'associations israéliennes avait alors saisi la Cour suprême pour faire casser cet ordre. Les organisations humanitaires conseillaient aux soldats de désobéir, sous peine de «poursuites pour crimes de guerre devant des instances internationales». Les juges n'avaient pas suivi cette argumentation.
