Victoire Les Français apprécient les pistes du meeting d'Oslo.Ladji Doucouré s'impose sur 110 m haiesFanfare, majorettes et enfants aux drapeaux sur la piste, Sa Majesté le roi Harald dans les tribunes : c'était jour de faste, vendredi 29 juillet à Oslo, où la Norvège fêtait le renouveau du stade Bislett, reconstruit sur les cendres de l'ancien, un haut lieu de l'athlétisme traditionnel "une légende" à lui tout seul, selon Lamine Diack, président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).Ces festivités royales n'ont pas perturbé Ladji Doucouré. A onze heures, le hurdler français dormait encore ; à midi, après avoir répondu à quelques journalistes, il était de nouveau allongé. Avant 19 heures, il était à Bislett. Et à 21 h 15 passées de 13 secondes, pas un centième de plus, son visage était barré d'un grand sourire. L'athlète le plus rapide de l'année sur 110 m haies venait de confirmer ses excellentes dispositions du moment.Deux semaines après être devenu le premier Français à passer sous la barre des 13 secondes (12 s 97 le 15 juillet, à Angers, lors des championnats de France), le Parisien a produit une course presque parfaite, pour un temps non moins idéal, à une semaine des championnats du monde d'Helsinki : 13 secondes, "ma deuxième meilleure performance, quand même", souligne-t-il.Derrière lui, trois Américains : Joel Brown (13 s 22) et deux de ses principaux adversaires pour le titre mondial, Terrence Trammel (13 s 27) et le vieux Allen Johnson, 34 ans, quatre titres de champion du monde (13 s 34 après s'être relevé sur la fin). Le Chinois Liu Xiang, champion olympique et corecordman du monde (12 s 91), "pas aussi fort que l'an passé", selon son entraîneur, était absent, de même que l'Américain Dominic Arnold."Je voulais faire une bonne course sur le plan technique, explique Ladji Doucouré. Je me suis bien débrouillé. Je sors bien du starting-block, ensuite je m'endors un peu sur un ou deux appuis, et après je parviens à mettre un coup de gouache, comme on dit. J'arrive à accélérer. Sur les trois dernières haies, j'ai fait quelques petites fautes, je pars un peu sur la droite. A Angers, c'était l'inverse, j'étais moins bien parti mais j'avais couru plus axé. L'idéal ser ait une mixtion des deux !" Ce mélange de perfection, le Français espère le trouver à Helsinki.UN MILLION DE DOLLARS EN VUEPour lui, tout ce qui se sera passé avant ce rendez-vous ne compte pas, ou si peu : "Tout est remis à zéro dans un championnat. C'est là qu'il faut vraiment être prêt." Il se souvient des Jeux à Athènes, où il s'était vu si beau après sa demi-finale, avant de trébucher en finale. "Bien sûr, ces meetings sont importants pour nous, confirme Allen Johnson, mais le niveau des championnats du monde est tellement plus élevé... On commence dans douze jours, mais à ce que j'ai pu voir jusque-là, Ladji est prêt." Petite escarmouche dans la guerre psychologique que se livrent les deux hommes.La prudence est de mise pour Christine Arron. La Française, à sa grande surprise, est l'une des deux dernières athlètes, avec la triple sauteuse Russe Tatiana Lebedeva, en position de remporter le million de dollars à partager entre les vainqueurs des six meetings de la Golden League. A mi-parcours (après Paris, Rome et Oslo, avant Berlin, Zürich et Bruxelles), la sprinteuse guadeloupéenne compte trois victoires. A Oslo, elle a nettement devancé l'Américaine Lauryn Williams, en 11 s 06, malgré un départ peu satisfaisant."C'est la première fois que je m'engage dans cette aventure de la Golden League, souligne Christine Aron. Avant, c'était pratiquement impensable, il y avait des filles beaucoup plus fortes -Marion Jones- . Aujourd'hui, nous sommes plusieurs du même niveau, c'est jouable." Instruite par ses déconvenues passées dans les grands rendez-vous, elle savoure l'instant de son beau sourire, mais se garde de toute envolée : "Je ne serai pas favorite à Helsinki, j'ai déjà été battue cette saison. Tout ce qui s'est passé avant les mondiaux, ça ne compte p as tellement."
