Annonce Les femmes de plus en plus frappées par la pandémie du sida En 2004, le sida a fait plus de trois millions de morts et entraîné au total plus de 23 millions de décès depuis son apparition il y a une vingtaine d'années. Les possibilités actuelles d'accès aux traitements représentent une goutte d'eau par rapport au flot grandissant des malades recensés dans les pays pauvres.Alors que l'on dénombre en 2004 près de 40 millions d'individus séropositifs ou malades du sida, la pandémie planétaire, qui se propage au rythme d'une contamination toutes les six secondes, touche de plus en plus les femmes. Ainsi, aujourd'hui, selon l'Onusida, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida, les femmes représentent près de la moitié des adultes de 15 à 49 ans (17,6 millions) vivant avec le virus dans le monde. Sur le thème "Femmes et filles, face au VIH et au sida", la Journée mondiale, organisée mercredi 1er décembre, a lancé un slogan choc pour interpeller celles qui se retrouvent trop souvent invitées à la discrétion et à la soumission : "Allez-vous enfin m'écouter ?"Cette interpellation part du constat qu'au cours des deux dernières années, le nombre de femmes porteuses du virus a augmenté dans chacune des régions du monde. Les plus fortes progressions sont relevées en Asie de l'Est (56 %), en grande partie due à la Chine, ainsi qu'en Europe de l'Est (48 %), principalement imputable à la Russie et l'Ukraine. En Russie, où sévit une "épidémie galopante", plus d'un tiers des habitants infectés sont des femmes en 2003, contre moins d'un quart un an auparavant.PLUS VULNÉRABLES BIOLOGIQUEMENT En Afrique, elles représentent près de 60 % des adultes séropositifs ou au stade avancé de la maladie, soit 13,3 millions. Plus inquiétant encore : les trois quarts (76 %) des jeunes Africains de 15-24 ans infectés sont des filles.Plus vulnérables biologiquement (la transmission d'un homme à une femme a deux fois plus de risque de se produire que l'inverse), les femmes contractent le plus souvent l'infection à cause des comportements à haut risque de leur partenaire, sur lequel elles n'ont pratiquement aucun contrôle.Dans nombre de pays, il leur est notamment difficile de refuser des rapports sexuels à risque ou d'exiger le préservatif. En Asie, par exemple, de plus en plus de femmes contractent le virus parce que les maris fréquentent des prostituées, sans utiliser de protection.De plus, les millions de femmes "qui subissent le viol et les violences sexuelles" dans le monde n'ont pas le choix de l'abstinence ou celui de se protéger, indique l'Onusida. "LES FEMMES AU CŒUR DE LA RIPOSTE"Pour les Nations unies, on ne gagnera pas la bataille contre le sida "si on ne met pas les femmes au cœur de la riposte", car elles souffrent d'"un manque chronique de pouvoir". Il s'agit donc de lutter contre les discriminations dont elles sont trop souvent victimes et qui les empêchent d'accéder à l'éducation, aux soins et à l'emploi. "La violence à l'encontre des femmes est un phénomène largement répandu, rappelle aussi l'OMS : entre un cinquième et un tiers des femmes dans le monde ont subi au cours de leur existence des sévices physiques ou sexuels de la part de leur partenaire."Des études effectuées en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Rwanda font apparaître un risque de contamination par le VIH trois fois plus important chez les femmes victimes d'actes de violence que chez les autres, note l'OMS.De plus, seuls quelque 440 000 patients des pays à faible et moyen revenu étaient sous médicaments antirétroviraux en juin 2004. Un taux qui, s'il se maintient, signifie que "5 à 6 millions de personnes mourront du sida au cours des deux prochaines années", souligne l'Onusida.
