Scandale Les enquêteurs restent perplexes sur la disparition des dossiers fiscaux de personnalités politiques Les policiers de la brigade criminelle n'excluent pas que les six déclarations de revenus manquantes au centre des impôts de Paris-Sud aient pu être "égarées".Ce ne serait pas une "affaire d'Etat", mais c'est tout de même un sérieux problème. Six dossiers fiscaux de personnalités politiques - Robert Badinter, Claude Chirac, Hervé Gaymard, Laurent Fabius, Lionel Jospin, Claudie Haigneré - ont disparu, en totalité ou partiellement, de la direction des services fiscaux de Paris-Sud, mais à ce stade, rien n'indique qu'ils aient été volés. Les enquêteurs de la brigade criminelle n'ont pas relevé de trace d'effraction. Les auditions de différents employés du service des impôts se poursuivent, et les enquêteurs ont également procédé à la recherche d'empreintes. Les policiers n'excluent pas que les dossiers aient pu être "égarés", relevant un certain "désordre".Les déclarations "papier" étaient conservées dans un coffre à combinaisons, au deuxième étage de l'immeuble. Une dizaine de personnes y avait accès. les enquêteurs s'interrogent également sur le fait que les déclarations ISF (impôt de solidarité sur la fortune), plus précises, n'auraient, elles, pas disparu. Si elle se confirme, cette hypothèse diminuerait, voire écarterait, l'idée d'une manipulation politique.La disparition de ces déclarations de revenus pour 2003 n'en est pas moins un problème majeur, car elle révèle un grave dysfonctionnement dans l'organisation de l'administration fiscale.Mardi 8 mars, M. Copé a indiqué que sept dossiers auraient dû se trouver dans le coffre de la direction de Paris Sud. Un y était bien, un autre était incomplet (celui de M. Badinter) et les autres avaient disparu. Selon lui, c'était les seuls dossiers de personnalités dans cette direction. Elle couvre pourtant les 5e 6e, 13e et 14e arrondissement de Paris où vivent d'autres célébrités, politiques ou pas.Quels sont donc les dossiers qui bénéficient d'un traitement spécial ? "Ce type de décision d'organisation relève de la compétence des directeurs départementaux. C'est totalement déconcentré et jamais évoqué au niveau central", a déclaré le ministre. Son entourage s'en félicite, relevant qu'"il ne doit pas y avoir de traitement politique ou centralisé de ces dossiers". En cas de procédure ou de contrôle, ils sont bien signalés au cabinet du ministre.REMETTRE DE L'ORDREDans les couloirs de l'Assemblée, mardi 8 mars, les députés se perdaient en conjectures. Pour Hervé Mariton (UMP, Drôme), cette affaire est le signe "qu'il faut remettre de l'ordre dans l'administration", mais il refuse d'y "voir un complot". "C'est che-lou, comme dirait mon fils", déclarait Dominique Paillé (UMP, Deux-Sèvres). "Les objectifs peuvent être multiples : soit protéger certaines personnes, soit faire diversion. Les personnalités visées étant pour moitié de droite et pour moitié de gauche, chacun se tient".Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS, demandait, quant à lui que l'on mette "un peu d'ordre à la tête de l'Etat". Pour M. Ayrault, l'enchaînement de l'affaire Julia et de la disparition des dossiers fiscaux "dépasse l'entendement".Gérard Davet et Sophie FayM. Copé, son logement et ses travauxLe ministre du budget, Jean-François Copé, a dénoncé, mardi 8 mars, le caractère "indécent et indigne" des nouvelles révélations concernant son patrimoine immobilier, publiées par le Canard Enchaîné du 9 mars. L'hebdomadaire a notamment fait valoir, en excipant de l'acte notarié signé le 8 novembre 2004 par le couple Copé, que les travaux étaient terminés dans l'appartement parisien acheté par le porte-parole du gouvernement. M. Copé, qui occupe un logement loué par l'Etat, à raison de 5 500 euros mensuels, contreviendrait ainsi à la règle instituée par Jean-Pierre Raffarin après l'affaire Gaymard : un ministre ayant un logement à Paris ne peut occuper un appartement de fonction. M. Copé a assuré qu'il lui restait à entreprendre des "suppressions de cloisons, aménagement de chambres, rénovation de salles de bains". Il a précisé qu'il emménagerait dans "cet appartement sitôt les travaux achevés, c'est-à-dire pour l'été".
