Rencontre Les élus démocrates de Hongkong ont été invités en Chine pour une visite "historique"Les échanges ont été parfois cinglants, mais la visite fut "historique", selon l'expression du chef de l'exécutif hongkongais, Donald Tsang. Pour la première fois depuis la répression de Tiananmen, en 1989, des députés du camp démocrate de Hongkong ont été autorisés à se rendre sur le continent où ils ont rencontré les responsables de la province méridionale du Guangdong, dont le chef-lieu est Canton. Interdits de séjour en Chine continentale pour avoir osé critiquer la nature répressive du régime de Pékin, les 25 députés démocrates ont accompagné le reste de leurs collègues des partis "pro-Pékin" du Conseil législatif, le mini-Parlement hongkongais, pour un voyage de deux jours dans le delta de la rivière des Perles.Lundi 26 septembre au soir, le bilan que tiraient plusieurs parlementaires démocrates était cependant mitigé. "Je suis très déçue" , tempêtait Emily Lau, égérie démocrate de Hongkong, au sortir d'une réunion avec Zhang Dejiang, secrétaire du comité du Parti communiste pour la province du Guangdong et l'un des vingt-quatre membres du bureau politique. " On pensait qu'il était prêt à nous écouter, mais il a immédiatement rejeté ceux qui ont une opinion divergente", a-t-elle ajouté.A l'origine du malentendu, il n'y a pas que les conceptions politiques antagonistes entre caciques chinois et députés démocrates : ces derniers entendent que Pékin respecte la "large autonomie" promise lors de la signature, en 1984, des accords de rétrocession de Hongkong à la Chine avec les Britanniques. Or huit ans après le retour du territoire dans la giron de la mère patrie, la Chine traîne des pieds et repousse la perspective du suffrage universel, à la fois pour l'élection de l'intégralité du Conseil législatif et pour celle du chef de l'exécutif. A l'heure actuelle, seuls la moitié des 60 sièges du Conseil législatif sont soumis au suffrage universel, tandis que le chef de l'exécutif est désigné par un comité restreint de notables liés à Pékin. Et c'est cette exigence de plus de démocratie et d'autonomie que les hiérarques du Parti communiste n'ont pas voulu entendre.La rencontre a ainsi parfois tourné au dialogue de sourds à la suite de réparties acerbes de M. Zhang confronté aux questions des démocrates. L'arrivée dans cette réunion, qui s'est tenue dimanche dans un luxueux hôtel cantonnais, de l'enfant terrible de la politique hongkongaise, Leung Kwok-hung, n'a rien fait pour détendre l'atmosphère : "Cheveux longs", ainsi qu'on le surnomme en raison de sa longue crinière, a crié "Vive la démocratie" dans le lobby de l'hôtel et arborait un tee-shirt représentant un homme debout devant une colonne de chars, l'image symbole du bain de sang sur Tiananmen.Un moment empêché par la police d'assister à la réunion, M. Leung a finalement changé d'accoutrement, revêtant son "uniforme" habituel, c'est-à-dire un autre tee-shirt à l'effigie de Che Guevara. Il a pu s'adresser pendant sept minutes aux dirigeants locaux du PCC sur " Tiananmen" et la "démocratie" . Zhang Dejiang a "réagi de manière agressive" , a raconté "Cheveux longs", qui se réclame du trotskisme. Un peu plus tôt, M. Zhang avait sèchement averti ses interlocuteurs de la délégation : " S'il n'y a pas de terrain commun, il n'y a pas de raisons d'avoir de discussions." "Une attitude odieuse !", a réagi Mme Lau.D'autres députés démocrates se sont cependant montrés plus optimistes quant aux leçons à tirer de cette ébauche de dialogue : " Il n'y a pas de démocratie -en Chine populaire-, mais ils ont permis à des voix dissidentes de se faire entendre", a concédé Martin Lee, ancien président du Parti démocrate. "S'il s'agit d'un premier pas, je pense que c'est OK" , a-t-il ajouté, tout en précisant ne pas savoir si cette rencontre en annonçait une autre. L'un de ses collègues, Albert Chan, a pourtant noté avec espoir qu'il "est évident qu'il y aura plus de dialogue -entre les deux parties- ".
