Élection Les élections chypriotes grecques renforcent les durs face à Ankara Les partisans d'une ligne dure à l'égard de la Turquie ont renforcé leur position lors des élections législatives du dimanche 21 mai dans la partie grecque de Chypre. Le président Tassos Papadopoulos, qui, à la tête du Parti démocratique Diko, avait été le fer de lance de la campagne victorieuse du non au référendum d'avril 2004, sur le plan de réunification négocié par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, est le grand vainqueur du scrutin. Ces élections étaient les premières depuis ce référendum et l'entrée dans l'Union européenne (lors de l'élargissement du 1er mai 2004) de la partie grecque de Chypre, dont le gouvernement est le seul reconnu par les instances internationales. Les cinq partis de la coalition gouvernementale, à laquelle appartient le Diko, ont conservé comme prévu une large majorité au Parlement. Mais le nouveau rapport de forces internes est favorable au président, qui dispose constitutionnellement d'importants pouvoirs. Le parti communiste Akel, qui s'était divisé lors du référendum, reste la plus importante formation chypriote grecque, avec 31,16 % des voix, mais il est en baisse de 3,7 % des voix. En revanche, le parti du président gagne 3,1 % des voix par rapport aux élections de 2001, atteignant 17,91 %. Les trois autres partis de la coalition sont le parti socialiste Edek, l'europarti Evroko et les Verts. Principal parti de l'opposition, le parti du rassemblement démocratique Disy (droite), qui avait appelé à soutenir le plan Annan, reste la deuxième formation derrière les communistes, mais il perd lui aussi 3,5 %. Pour la première fois, 270 Chypriotes-turcs résidant dans la partie sud de l'île ont participé au scrutin, grâce à un amendement à la Constitution. La poétesse chypriote-turque Neshe Yashin s'est présentée sous les couleurs des Démocrates unis, favorables à la réunification, qui ont perdu leur unique siège. "Nous reconnaissons que la société chypriote n'accepte pas notre message mais en même temps, nous sommes en paix avec notre conscience pour avoir mené un combat honorable et patriotique", a déclaré le président de ce parti, Michalis Papapetrou, annonçant sa démission prochaine. L'euphorie qui avait suivi l'ouverture de la ligne verte séparant les deux parties de l'île en 2003, est bien retombée. Malgré l'élection dans la partie turque de l'île (Nord), de dirigeants favorables à la réunification et la politique plus ouverte à Ankara du gouvernement Erdogan, les dirigeants de la partie sud s'estiment en position de force pour négocier. Ils ont été renforcés dans leur attitude par l'adhésion à l'Union européenne. "La politique de la partie chypriote grecque est claire et correcte. Je ne vois pas de raison pour la changer", a déclaré le président Papadopoulos au soir du scrutin. Deux jours avant celui-ci, le commissaire européen à l'élargissement, Olli Rehn, avait estimé qu'une"fenêtre d'opportunité" s'ouvrait pour tenter de relancer les négociations de réunification. Ankara avait appelé en début d'année à cette relance, mais les discussions qu'avaient eues à Paris en février M. Papadopoulos et le secrétaire général de l'ONU n'avaient rien apporté de nouveau.