Attentat Les Egyptiens se prononcent par référendum sur l'élection du président au suffrage universelTrente-deux millions cinq cent mille électeurs égyptiens doivent se prononcer par référendum, mercredi 25 mai, sur un amendement instituant pour la première fois l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel parmi plusieurs candidats. L'opposition dénonce une supercherie et appelle au boycottage.A quelques heures de la consultation, le président Hosni Moubarak a appelé les Egyptiens à "participer activement" et "à assurer le succès du référendum". "Vous avez le dernier mot, j'ai une totale confiance dans votre volonté de participer [au référendum], afin d'ouvrir de nouveaux horizons à notre vie politique", a-t-il ajouté.Plusieurs organisations ont appelé à des manifestations, mercredi, pour protester contre le référendum. Le mouvement Kefaya, les partis de l'opposition légale Wafd (centre), Tagamou (nassérien, marxiste), le Parti nassérien (centre gauche) et Al-Ghad (centre droit), ainsi que la puissante confrérie des Frères musulmans (interdite, mais tolérée), bien que d'accord sur le principe de la réforme, ont rejeté l'amendement proposé.Ils estiment qu'il comporte des conditions très restrictives pour les candidats indépendants. Ces derniers doivent être soutenus par au moins 250 élus nationaux et locaux, dont 65 députés, 25 sénateurs, alors que le Parlement et les assemblées régionales sont dominés à plus des trois quarts par le Parti national démocrate (PND, au pouvoir).ARRESTATION DE PLUS DE 800 DIRIGEANTS ET MILITANTSL'opposition accuse par ailleurs le gouvernement de monopoliser les grands médias nationaux et de bénéficier de tous les "moyens de l'Etat" (transports, communication, bureaux) pour faire campagne. Elle demande l'abrogation de l'état d'urgence en vigueur depuis l'assassinat du président Anouar Al-Sadate en 1981, la réduction des pouvoirs très étendus du chef de l'Etat, la révision des registres électoraux et un strict contrôle du scrutin par les juges. Elle a été déboutée, lundi, par le Conseil d'Etat d'une demande d'annulation ou de report de la consultation qu'elle estimait inconstitutionnelle.Trois semaines avant le référendum, les autorités ont déclenché une vaste campagne d'arrestations à l'encontre des Frères musulmans, visant notamment les symboles de la nouvelle génération de cadres de la confrérie. Elle s'est soldée par la mise en détention préventive de plus de 800 dirigeants et militants, dont son numéro deux, Mahmoud Ezzat, et Essam Al-Aryane, populaire parmi les jeunes adhérents. "Ce sont des leaders d'opinion que l'on cherche à écarter de la vie politique avant le référendum et, préventivement, afin qu'ils ne se présentent pas aux élections législatives" de novembre, selon un porte-parole de la confrérie, Abdel Galil Charnoubi.En visite la semaine dernière à Washington, le premier ministre égyptien, Ahmed Nazif, a promis que l'élection serait "libre et équitable", mais il a laissé planer l'ambiguïté sur la possibilité d'une supervision internationale des scrutins souhaitée par la Maison Blanche. M. Nazif a laissé entendre, dans des déclarations à la presse égyptienne, que Le Caire pourrait finalement accepter des "observateurs" internationaux, mais pas d'étrangers pour superviser directement le déroulement et le résultat du scrutin.
