Exposition Les dessins obsessionnels de Vija CelminsUne mer aux vagues lourdes qui ressemble à une peau de pachyderme ; un désert de cailloux projetant leurs ombres noires sur la terre ; un ciel nocturne piqué de halos, éclairé de nuées stellaires : ce sont depuis le début des années 1970 les motifs des dessins de Vija Celmins. Elle les prend et reprend, travaillant à la mine de plomb sur un papier préparé à l'acrylique, puis, aujourd'hui, au fusain. Jusqu'au 7 janvier, le Centre Pompidou présente ces oeuvres, doublement obsessionnelles par la répétition des sujets et par la lenteur minutieuse qui doit être celle de l'artiste afin de représenter l'infini céleste ou océanique.A ses débuts, Vija Celmins est très loin de cela. Lettone née à Riga en 1938, émigrée aux Etats-Unis en 1948, son éducation artistique se fait sous l'autorité de l'expressionnisme abstrait, alors au plus haut de sa gloire. Au début des années 1960, comme la plupart des peintres de sa génération - celle du pop -, elle s'en détache. La lecture de Gommes de Robbe-Grillet lui révèle le monde des objets, et la vision de Vélasquez au Prado le pouvoir hypnotique du gris.A partir de 1964, elle collecte des photographies dans des journaux, des magazines, des livres. Nombre d'entre elles datent de la seconde guerre mondiale, qui a forcé l'enfant et ses parents à fuir. Elle se met à les peindre en noir et blanc et à les dessiner avec, déjà, l'attention méthodique et calme qui la caractérise : chasseurs allemands, bombardiers américains, expériences nucléaires à Bikini, ruines d'Hiroshima - mais aussi les émeutes de Watts en 1965. L'une de ces images est celle d'un revolver, pure allégorie de la destruction. Elle date de 1968. Cette année-là, Celmins abandonne la peinture, à laquelle elle n'est revenue qu'en 1985. Elle dessine et détermine alors sa trilogie de motifs naturels - et impossibles.Le but n'est pas de tromper le spectateur par un hyperréalisme perfectionné, ni de porter le dessin au degré de précision de la photographie, mais d'inscrire sur une surface de papier réduite et avec des moyens graphiques épurés l'immensité de l'espace et du temps. C'est peu dire que Vija Celmins se tient à l'écart des courants actuels et de l'idée même d'actualité."Vija Celmins, l'oeuvre dessiné", Centre Pompidou, Paris-4e. Mo Rambuteau. Tél. : 01-44-78-12-33. Jusqu'au 7 janvier. Du mercredi au lundi, de 11 heures à 21 heures. 10 €.
