Annonce Les déboires du groupe français Vinci au KenyaCandidat à la prochaine privatisation des autoroutes françaises, le groupe de BTP Vinci se serait bien passé des mésaventures de sa filiale Sogea Satom au Kenya. Lundi 22 août, près de 700 personnes ont défilé devant le siège de Sogea Satom, au nord de Nairobi, pour dénoncer des faits de corruption dans la politique d'embauche du personnel local, et des abus sexuels.Les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser la foule. Parmi les manifestants figuraient des élus locaux et des membres d'organisations humanitaires. Plusieurs personnes ont été interpellées et deux d'entre elles ont été présentées à la justice. L'entreprise française a, pour sa part, déposé plainte après la dégradation des véhicules des cadres de l'entreprise.La Sogea Satom est chargée, depuis le mois de mars, du chantier de reconstruction d'une route très fréquentée par le trafic de camions vers l'Ouganda via la zone du lac Victoria. La rénovation de cet axe, long de 94 kilomètres, a donné lieu à un appel d'offres international, sur financement européen. Le budget, de plus de 50 millions d'euros, a été remporté par la Sogea Satom, dont c'est le premier contrat dans ce pays."Les accusations portées contre nous n'ont rien à voir avec une quelconque affaire de corruption, indique Daniel Campo, directeur de la filiale au Kenya. Nous sommes confrontés à une situation très tendue au niveau de l'emploi sur fond de règlements de comptes politiques locaux" . "En général, ajoute-t-il, lorsque nous commençons un chantier, nous parvenons à embaucher de 20 % à 30 % de la main-d'oeuvre locale à la recherche d'emploi. Ici, nous atteindrons à peine 4 %." FAVORITISMELes espoirs déçus seraient, selon lui, à l'origine de la manifestation et des accusations portées contre sa société. "Pour 200 emplois, nous avons reçu 5 000 demandes alors que les responsables politiques locaux avaient promis, au printemps, que ce chantier donnerait du travail à toute la région" , détaille M. Campo.Lors des heurts intervenus devant le siège de l'entreprise, des slogans indiquaient, selon un témoin, que les emplois étaient attribués par des agents corrompus. Le recrutement est effectué par l'équivalent du ministère du travail, en liaison avec des cadres de la Sogea Satom, qui compte une dizaine d'expatriés sur place. "Après vérification, nous n'avons pas relevé de telles pratiques à part quelques cas de favoritisme au profit de parents des agents recruteurs" , affirme M. Campo.Les accusations visant d'éventuels abus sexuels ont donné lieu au licenciement du chef cuisinier de l'entreprise dont les propos relevant du droit de cuissage auraient été confirmés.L'ambassade de France à Nairobi souligne, pour sa part, ne pas avoir eu vent de faits de corruption. Elle semble considérer, par ailleurs, ces événements comme une forme de pression d'une société civile kenyane, plus active que celle d'autres pays africains, sur la Sogea Satom pour obtenir davantage de retombées économiques dans la région. La maison mère, à Paris, Vinci, a démenti "catégoriquement" toute pratique corruptriceJacques Follorou
