Annonce Les cas de tuberculose sont en forte hausse à Paris. Un début d'épidémie a été récemment jugulé dans un foyer d'hébergement parisien. Les services de santé de la capitale tirent la sonnette d'alarme et soulignent la responsabilité de l'Etat.Mis en ligne le 10 janvier 2003 Maladie de la pauvreté et des classes ouvrières au XIXème siècle, la tuberculose n'a pas disparu en France. Depuis le début des années 1990, les professionnels de la santé s'inquiètent de sa résurgence. L'Ile-de-France est la région la plus touchée ; deuxième dans ce triste palmarès, la Guyane arrive loin derrière… Et dans une région déjà particulièrement concernée, Paris détient un triste record, avec des chiffres qui sont, sur les dernières années, cinq fois supérieurs à ceux de la moyenne nationale. Plus inquiétant : dans la capitale, ces chiffres sont en constante augmentation, en particulier depuis 1999. C'est ce qu'a indiqué jeudi Alain Lhostis, responsable de la santé à la Mairie de Paris. Il a notamment fait état d'une récente épidémie, qui a touché 69 travailleurs migrants dans un foyer du 12ème arrondissement. Même si, traitée à temps, l'épidémie n'a fait aucun mort, son ampleur n'en est pas moins révélatrice. Une situation que les Hôpitaux de Paris et les services sanitaires concernés connaissent et dénoncent depuis longtemps.Plusieurs raisons peuvent contribuer à expliquer ces mauvais chiffres : meilleure déclaration des cas de tuberculose à Paris, présence de nombreuses personnes originaires de pays où la tuberculose est endémique… Sans compter le nombre de porteurs du VIH, puisque le sida favorise l'apparition de maladies opportunistes parmi lesquelles, justement, la tuberculose. Les populations les plus précarisées, et notamment les SDF, sont directement exposées. Mais comment expliquer les chiffres terribles constatés dans les foyers parisiens accueillant des travailleurs immigrés : un taux évalué à 600 cas de tuberculose pour 100.000 personnes, alors que la moyenne nationale est de 50 cas pour 100.000 ? Comment expliquer qu'une véritable épidémie ait pu se déclarer dans ces foyers, tous gérés par l'Etat, et régulièrement inspectés par des personnels médicaux ? "Des conditions d'accueil déplorables"Pour Alain Lhostis, la raison est simple : ces centres sont surpeuplés, et offrent des "conditions d'accueil particulièrement déplorables." Un cas symptomatique : le foyer où la maladie a touché 69 personnes, celui de la rue Tillier, abrite entre 500 et 700 occupants, alors que ses capacités d'accueil sont de 362 places. En juillet 2002, bien avant l'épidémie, Alain Lhostis dénonçait déjà en plein Conseil de Paris ce foyer "qui ne répond plus aux règles d'hygiène et de sécurité en vigueur", ajoutant : "il est indigne qu'un pays comme la France ne soit pas capable d'offrir des conditions d'accueil décentes à ces travailleurs migrants". Et en octobre dernier, il a averti par lettre la préfecture de l'urgence de réhabiliter ce foyer. A ce jour, aucune réponse.Pour lutter contre l'explosion du nombre de cas de tuberculose, les services sanitaires de la capitale se sont associés : Samu social, Hôpitaux de Paris, Direction de l'action sociale, de l'enfance et de la santé, organisent des tests de dépistage réguliers parmi les populations à risque, dans les foyers, ainsi qu'un suivi des malades. Autant d'actions qui ont permis jusqu'à présent d'éviter le pire. Mais les causes du mal, elles, demeurent.
