Vote Les Burundais votent pour une nouvelle Constitution Les opérations de vote du référendum sur la nouvelle Constitution au Burundi ont commencé à Bujumbura, lundi à 6 h 45 (5 h 45, heure française). Il s'agit du premier scrutin depuis le début de la guerre, en 1993, dans ce petit pays d'Afrique centrale. Les Burundais votent par référendum, lundi 28 février, pour se doter d'une nouvelle Constitution. Le référendum a été ouvert dans "plusieurs régions du pays", indiquait-on à 6 h 30 (heure française) à la mission de l'ONU au Burundi (ONUB). A Bujumbura, la capitale, le scrutin a commencé dans le calme mais avec 45 minutes de retard environ, notamment dans les bureaux de Kanyosha, un quartier du sud de l'agglomération habité par la communauté hutue, majoritaire dans le pays, et de Nyakabiga, quartier nord, fief de la communauté tutsie.MONOPOLE TUTSI DEPUIS 1962Le matériel de vote, urnes et bulletins, était arrivé dans les bureaux vers 6 heures, l'heure prévue de l'ouverture. Les bureaux de vote doivent fermer à 15 heures. Quelque 3,1 millions de Burundais sont appelés à approuver ou non la nouvelle Constitution, qui répartit plus équitablement le pouvoir entre les deux principales ethnies du Burundi, les Hutus (85 %) et les Tutsis (14 %).Ces derniers monopolisent le pouvoir quasiment sans interruption depuis l'indépendance du Burundi, en 1962. Le "oui" devrait l'emporter, selon tous les acteurs politiques du pays. Les partis hutus ont appelé au "oui", tandis que la majorité des partis tutsis ont opté pour le "non".Lundi matin, à Bujumbura, des dizaines d'électeurs se pressaient à l'heure de l'ouverture devant les bureaux placés sous haute sécurité : une dizaine de policiers à proximité, armés de fusils d'assaut. Ces policiers, anciens membres de la gendarmerie nationale, arboraient l'uniforme de la "nouvelle police du Burundi", comme le mentionnait leur badge, mise en place pour la première fois à cette occasion.UNE ARMÉE COMPOSÉE DE 50 % DE HUTUS ET 50 % DE TUTSISLa Constitution prévoit que cette police, tout comme l'armée, comptera dans ses rangs 50 % de Hutus et 50 % de Tutsis. Les forces de l'ordre au Burundi étaient constituées jusqu'ici de l'armée et de la gendarmerie."Je suis venue voter parce que c'est important pour le changement vers la paix et la démocratie", a déclaré devant un bureau de vote Sirphanie, une enseignante de 55 ans. "Cela faisait très longtemps qu'on n'avait pas eu ce droit", a ajouté sa voisine, Médiatrice, la quarantaine.Ce référendum est organisé alors que le pays est engagé dans un délicat processus de paix et qu'un seul groupe rebelle, sur les sept impliqués à l'origine dans la guerre, continue à se battre. Le conflit oppose l'armée, dominée jusque-là par les Tutsis, aux rebelles hutus. Selon la nouvelle Constitution, le président sera élu au suffrage universel direct, sauf pour le premier mandat. L'Assemblée nationale et le gouvernement seront composés de 60 % de Hutus et de 40 % de Tutsis, et le Sénat de 50 % de membres de chaque ethnie.Le référendum est le premier d'une série de sept scrutins, dont les législatives et la présidentielle, prévue au 22 avril prochain par le calendrier officiel. Au terme de ce processus, les institutions du pays seront composées de membres élus et non plus nommés.Les dernières élections au Burundi, en 1993, avaient débouché sur la guerre, à la suite de l'assassinat de Melchior Ndadaye, premier président démocratiquement élu dans ce pays et premier chef d'Etat hutu. En ce qui concerne le référendum de lundi, la dernière rébellion active au Burundi, les Forces nationales de libération (FNL), a promis de ne pas perturber le scrutin. Depuis 1993, la guerre a fait quelque 300 000 morts.
