Annonce Les autorités russes ont repris le contrôle de Naltchik, dans le Caucase du Nord Les autorités russes ont déclaré, vendredi 14 octobre, avoir totalement repris le contrôle de Naltchik, capitale de la Kabardino-Balkarie (280 000 habitants) située à une centaine de kilomètres de la Tchétchénie, en proie, depuis la veille, à une série d'attaques lancées par un groupe de combattants contre des commissariats, les sièges locaux du FSB (services de sécurité) et du ministère de la défense, une prison et un dépôt d'armes. Samedi a été déclaré "jour de deuil" dans la petite république autonome caucasienne, alors que devaient avoir lieu les enterrements des policiers locaux morts lors de l'opération. Selon le vice-ministre russe de l'intérieur, Andreï Novikov, qui a donné une conférence de presse sur place, vendredi soir, 108 personnes ont été tuées au cours des combats 72 assaillants, 12 civils et 24 membres des forces de l'ordre mais tous les otages "ont pu être libérés". Par ailleurs 95 civils ont été hospitalisés, dont neuf "dans un état grave", a indiqué un médecin, cité par la radio Echo de Moscou sous couvert d'anonymat. Dans l'après-midi de vendredi, des combats faisaient toujours rage autour de deux poches de résistance : un magasin de souvenirs en ville où deux femmes étaient retenues en otage, et un centre de détention. Au moyen de l'artillerie lourde et de grenades à gaz, les forces fédérales sont parvenues à en venir à bout. Les témoignages recueillis par les journalistes sur place ont raconté comment les deux femmes otages, inconscientes, ont été évacuées sur des civières vers l'hôpital. Toute la soirée de vendredi, les chaînes de télévision russes ont diffusé en boucle des images des événements de Naltchik, s'attardant longuement sur les cadavres épars des assaillants dans les rues du centre-ville. La chaîne publique Rossiia a montré des images d'un groupe de rebelles faits prisonniers et alignés dans un couloir, mains derrière la tête. Selon le rapport rendu au Kremlin par le ministre russe de l'intérieur, Rachid Nourgaliev, 31 assaillants sur une ou plusieurs centaines, selon les estimations ont été capturés. Alors que la ville a retrouvé son calme mais reste bouclée et l'aéroport fermé, des opérations de "nettoyage" sont en cours pour arrêter les assaillants qui pourraient se cacher. "J'ai ordonné le début d'une traque d'ampleur dans les hôpitaux, les maisons de repos et auprès des médecins afin de localiser les rebelles blessés susceptibles de se trouver encore en ville (...)", a déclaré M. Nourgaliev. Selon son vice-ministre, Andreï Novikov, le groupe des rebelles était majoritairement composé d'"habitants de la république", conduits par Iless Gortchkhanov et Anzor Astemirov. Le premier, d'origine ingouche, aurait été tué durant l'opération de vendredi. Les deux hommes sont décrits comme des membres de la djamaat (communauté religieuse en islam) Yarmouk, qui avait revendiqué l'attaque armée contre le centre de lutte contre le trafic de drogue de Naltchik, en décembre 2004, tuant quatre policiers et s'emparant de nombreuses armes et munitions. Quelques mois plus tard, la police et l'armée avaient attaqué à l'artillerie lourde un immeuble de la ville de Naltchik, tuant des militants de cette organisation qui s'y étaient réfugiés. Un épisode semblable s'était répété en avril 2005. Yarmouk serait l'une des multiples organisations militaro-religieuses (ou djamaat ) qui essaiment dans la région, surtout depuis le déclenchement de la seconde guerre de Tchétchénie (1999). Certaines professent la violence, d'autres non, mais toutes visent à créer un espace social bien séparé des normes russes. Ces dernières années, dans le contexte de la guerre russo-tchétchène toute proche, tout le Caucase du Nord connaît une intensification de la répression à l'endroit des croyants qui professent leurs convictions de façon trop voyante et dévient de la ligne fixée par les autorités. L'ancien président de la Kabardino-Balkarie, Valerii Kokov poussé à la démission par le Kremlin il y a quelques mois s'était tout particulièrement illustré dans ce domaine, faisant fermer toutes les mosquées qui échappaient à son contrôle, faisant arrêter et emprisonner les jeunes qui montraient un peu trop leurs convictions religieuses. L'attirance des jeunes pour le fait religieux est également à mettre au compte de la situation socio-économique désastreuse, quand la répression aveugle, la corruption des élites et le chômage les poussent vers d'autres voies de salut. Le nouveau président de la Kabardino-Balkarie, Arsen Kanokov, un homme d'affaires local choisi récemment par le président russe Vladimir Poutine, a récemment annoncé qu'il allait renouer avec la communauté islamique modérée et mettre un terme à la politique de répression aveugle de son prédécesseur.